Syngué Sabour, pierre de patience

Syngué Sabour, pierre de patience, roman d’Atiq Rahimi et lauréat du prix Goncourt 2008 a été porté à l’écran par l’auteur lui-même. Le film, sorti cette semaine, était fortement attendu et semble avoir satisfait les amoureux du septième art.

Applaudi par la critique, ce film, entre conte, mythologie et réalité crue, raconte l’histoire d’une femme afghane, mariée depuis 10 ans à un homme bien plus âgé qu’elle et qui, suite à une bagarre, est plongée dans un coma profond. Tandis qu’elle confie ses deux filles à sa tante qui vit dans une maison close à l’autre bout de la ville, cette jeune femme décide de s’occuper de son mari, au péril de sa propre vie. Au pied des montagnes de Kaboul, déchiré par la guerre, le spectateur suit ce bout de femme qui, veillant nuit et jour son mari, décide de lui confier ses secrets les plus inavouables, de son enfance à aujourd’hui. L’homme devient alors sa « syngué sabour », sa pierre de patience, cette pierre que l’on pose devant soi pour lui raconter ses secrets jusqu’à ce qu’elle éclate.

L’essentiel du film tient donc dans le monologue de la jeune femme auprès de son mari. Si elle continue à espérer la guérison de son mari, la jeune femme semble néanmoins se décourager et son dévouement semble lui peser de plus en plus au cours du film. Réalisant que son mari, réduit à l’immobilité et au mutisme, n’arrêtera pas sa parole libératrice, elle lui confie alors ses secrets les plus intimes, ses blessures de femme qui va prendre, petit à petit, conscience de son propre plaisir et de son droit d’exister. Si tout ramène à l’enfermement des corps calfeutrés et cachés dans un quasi huis clos, ce film n’est pas seulement le portrait d’une femme dans l’Afghanistan dévasté d’aujourd’hui, c’est un hymne à la délivrance de la parole des femmes oppressées par des régimes politiques ou religieux hors du temps, dans lequel seuls les hommes décident. Mais dans Syngué Sabour, c’est bel et bien le mari qui se retrouve quasi déshumanisé et on se retrouve à rêver, avec l’héroïne, d’une tout autre justice.

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Pour terminer, on ne peut que saluer la magnifique performance de Golshifteh Farahani, sublime et émouvante qui porte, à elle seule, cette adaptation du roman d’Atiq Rahimi.

Qu’il s’agisse de la mise en scène, du jeu magistral des acteurs, de la cohérence des personnages, de l’écriture, tout y est maîtrisé avec une maturité et une puissance exceptionnelles. Reposant sur une écriture subtile et recherchée, le film est bouleversant et ne s’essouffle jamais.

Le coup de cœur de ce début d’année !

Syngué Sabour est sorti dans les salles obscures le 20 février 2013.

Par Inès

 

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