La minute histoire : La peste de Marseille, 1720

La peste est un fléau qui cause de grands ravages et ce, durant plusieurs siècles. L’Europe perd jusqu’à la moitié de sa population. Les villes deviennent désertiques. Cette maladie est alors vue comme une punition divine. Lorsque la peste arrive, c’est un peu l’apocalypse. Longtemps restée obscure, les origines de ce mal semblent aujourd’hui connues : la Chine.

 La dernière grande épidémie de peste en France a eu lieu à Marseille (et ses environs) en 1720. Imaginez… un bateau, avec à son bord des étoffes, arrive au port. Comme les autres navires, il doit subir une quarantaine pour éviter une épidémie de peste. Pour cela, il doit rester en plein soleil. Mais la cargaison risque d’en souffrir et de perdre ses couleurs. Alors que faire ? Contourner les interdictions et faire accoster le navire. Par cet acte, le capitaine et ses complices, signent l’arrêt de mort de la ville.

Les rats ont contractés la peste et leurs puces la transmettent aux hommes par leurs piqûres. Les premiers infectés sont les marins. Mais on s’en apercevra, trop tard. C’est le début d’une longue descente aux enfers pour la région marseillaise. Les premières morts surviennent dans les quartiers pauvres et anciens, avant de se propager à la ville entière. La peste ne fait pas de distinction sociale. Il faut vite prendre des mesures radicales. Marseille est confinée. On va jusqu’à édifier un mur, en partie visible de nos jours, dans la campagne environnante : le mur de la peste.

 mur de la peste

 La population chute rapidement. Une fois infecté, vous mourrez en quelques jours. Lorsque que vous vous déplacez dans les rues, les cadavres et les mourants jonchent le sol. On les laisse sur place. Il arrive même que des corps soient jetés par les fenêtres. La médecine est impuissante, pour éviter la contamination, les médecins enfilent un costume qui ressemble quelque peu à ceux de Venise pour le carnaval.

peste

C’est une véritable psychose qui s’installe.  Pour arrêter cette épidémie, il faut nettoyer les rues, en enlevant les cadavres. Mais qui voudrait faire un tel travail ? Des volontaires ? On va les trouver chez les galériens. Ces hommes condamnés à ramer, vont être les premiers fossoyeurs de la ville. Mais rapidement, ils tombent à leur tour. Il faut les remplacer, les fausses-communes se remplissent. Et bientôt, on brule les cadavres. Mais cette stratégie et le temps portent ses fruits, l’épidémie est circonscrite pour ensuite s’éteindre. Marseille est fortement touchée : elle a perdu presque la moitié de sa population. C’est une ville fantôme que laisse l’épidémie….

Par Emilie, notre spécialiste histoire

1 Commentaire

  1. Merci de ce rappel d’un épisode tragique de la Régence.
    Je me souviens avoir lu que le non respect de la quarantaine serait lié à l’impatience des suiveurs de la mode de l’époque qui s’étaient entichés des étoffes turques suite à la visite officielle d’un ambassadeur à Paris qui avait fortement marqué les esprits (Voir notamment les lettres persanes de Montesquieu…) et la cargaison de ce navire devait contribuer à satisfaire cette forte demande des consommateurs… L’enseignement de cette tragédie serait peut être qu’il faut toujours savoir garder raison face aux emballements du marché !
    Augustin Challamel, auteur de « la régence galante » en 1861, nous apprend par ailleurs que cette épidémie inspira notamment la chanson suivante diffusée à Paris parmi les opposants au Régent :

    « Que la peste soit en Provence,
    Ce n’est pas notre plus grand mal,
    Ce serait un bien pour la France
    Qu’elle fût au Palais-Royal !
    Eu abattant deux ou trois tètes.
    Elle en conserverait cinq cents ;
    Badauds, vous en serez exempts.
    Car elle n’en veut pas aux bêtes.
    Mais pour la santé du Régent
    Ce serait une bonne affaire
    Que la peste prît à l’argent;
    Il songerait à s’en défaire. »

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