La Vie rêvée des gens heureux : rêve d’enfant

Voici un livre dont je suis sortie particulièrement chamboulée. La Vie rêvée des gens heureux retrace l’histoire d’un couple, James et Ana, qui, après des années à tenter (vainement) d’avoir un enfant, se retrouvent, du jour au lendemain, à devoir s’occuper de Finn, un petit garçon de 3 ans. Ses parents ont en effet été victimes d’un terrible accident de la route, qui a tué son père et plongé sa mère dans le coma.

Une merveilleuse nouvelle, pourrait-on se dire, n’est-ce pas ? Et pourtant… Nous réalisons que ce rêve d’enfant devenu réalité bouleverse complètement le quotidien de ce couple. Si James s’attache très rapidement à ce petit garçon, Ana, plus froide et distante, est davantage ambivalente. Ceci inverse totalement les préjugés actuels, selon lesquels la femme a automatiquement un instinct maternel et l’homme peut mettre plus de temps à devenir père. Katrina Onstad a aimé jouer sur les idées préconçues ici sur l’amour maternel et paternel, mais également sur d’autres aspects de la vie de ce couple (James est au chômage et donc « au foyer » et sa femme, Ana, se jette corps et âme dans son travail).

Il est intéressant de découvrir l’évolution de ce couple, en apparence parfait, évoluer au fil du livre. On découvre, si on gratte sous la surface, un amour à bout de souffle, qui demeurait fort dès le moment où il fallait se soutenir, mais qui, avec l’arrivée de Finn, se fragilise. À présent qu’ils ont « tout pour être heureux », ils ne le sont plus. Ils cherchent leur place dans cette nouvelle dynamique familiale et James se révèle en excellent père (et un peu moins mari), Ana devient un bourreau de travail pour tenter d’oublier son malaise.

Également, on comprend le danger également de s’attacher à ce petit garçon pour ce couple fragile, avec, toujours, le risque de voir la mère de Finn, plongée dans le coma, revenir à la vie et reprendre cet enfant.

La Vie rêvée des gens heureux

J’ai beaucoup aimé James, peut-être à cause justement de ce côté plus chaleureux qui transparaît au côté de Finn, plus aimant et attentionné et ai moins apprécié la froideur de sa femme, même si on perçoit la douleur qu’elle peut ressentir.

On a parfois l’impression de ne pas comprendre ce qui les lie l’un à l’autre, tant ils sont différents et dans l’incompréhension totale vis-à-vis de ce que chacun ressent. C’est là que les flash-backs (présents tout le long du  livre) permettent de mieux saisir la genèse de cet amour, mais également son effritement au fil du temps. On comprend également que c’était ce rêve d’enfant qui faisait tenir ce couple, comme un but, un objectif à atteindre, année après année, en se disant que lorsqu’un enfant arriverait, alors ils seraient heureux.

L’écriture de Katrina Onstad est très fluide, sans fioriture inutile, ce qui permet d’alléger la complexité du thème abordé ici. Elle nous emmène dans le quotidien de ce couple qui tente de se construire et de devenir une famille, nous fait découvrir ses failles et ses difficultés qui le rendent encore plus proche de nous, plus humain. Katrina Onstad parvient également à parler d’un sujet difficile avec délicatesse et sensibilité.

La Vie rêvée des gens heureux, de Katrina Onstad. Belfond, 2014. Traduit par Françoise Rose.

Par Emilie M.

1 Commentaire

  1. RhoOOOoOoooo pourquoi je n’arrive pas à trouver + de temps pour lire !!?? Ça fait 25 mois au moins qu’il est dans ma PAL et qu’il m’appelle et ce billet ne fait que renforcer l’envie pressante que j’ai de le lire !

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