Pardonnable, impardonnable : dangereux secrets de famille…

Pardonnable, impardonnable, Valérie Tong Cuong, éditions Jean-Claude Lattès

Il suffit parfois d’un rien pour que tout bascule. A l’instant où Marguerite propose à son neveu Milo une course à vélo, elle ne peut se douter de ce que cet événement apparemment anodin  va déclencher. L’onde de choc va balayer la famille toute entière.

Car Milo va tomber et se blesser gravement. Le voilà dans le coma, et ce drame va réveiller les rivalités et l’amertume qui couvent chez ses proches. Marguerite, jeune, belle, libérée, sera montrée du doigt par tous comme l’unique responsable de cette tragédie. Céleste et Lino, les parents, sont au désespoir. Et Jeanne, la grand-mère, observe le tout en ressassant le passé.

Pardonnable, impardonnable fait la part belle aux secrets de famille, de ceux qui gangrènent la vie familiale, et sont enterrés pour mieux exploser des années plus tard. Jeanne, Céleste, Lino et Marguerite ploient tous sous le fardeau du passé : un deuil, un geste regrettable, des regrets, des mensonges… autant de non-dits qui contribuent à l’émergence d’une guerre ouverte entre les membres de la famille. Et, au milieu de tout ça, le jeune Milo, douze ans, lutte pour sa vie.

Pardonnable, impardonnable, Valérie Tong Cuong, éditions Jean-Claude Lattès

Roman psychologique, Pardonnable, impardonnable donne voix à chacun des membres de la famille de Milo, et nous plonge dans la psyché de chacun d’entre eux. Leurs pensées, leurs motivations, leurs regrets sont disséqués. La culpabilité et le ressentiment servent de fil rouge. C’est de fait parfois un peu bavard, mais probablement nécessaire à la construction de l’intrigue. La tension entre les protagonistes à fleur de peau est en revanche omniprésente et très bien rendue. On sent véritablement le poids du passé qui repose sur cette cellule familiale déjà bien éprouvée. Mais justement, n’est-elle pas trop mise à l’épreuve ? Ce sont somme toute de nombreux malheurs, et pas des moindres, qui ont frappé Céleste, Lino, Jeanne et Marguerite… On frôle la surenchère. Il ne manquerait plus qu’un suicide pour que le tableau des malheurs soit complet… Pourtant, le récit ne vire jamais au tragique inutile.

Nos personnages sont très humains et de fait, attachants. Le lecteur prend tour à tour parti pour les différents protagonistes, et se désole du tour que prend la situation, alors que la famille se déchire autour du lit d’hôpital du petit Milo. Les pages se tournent dès lors toutes seules : on file vers la fin, désireux de savoir si tout va s’arranger ou si, au contraire, la famille va sombrer. Valérie Tong Cuong nous livre un récit familial plutôt triste, mais jamais larmoyant, quand bien même de trop nombreux drames frappent la famille. C’était l’écueil principal de ce type de récits, et fort heureusement, Valérie Tong Cuong l’évite aisément.

Pardonnable, impardonnable, Valérie Tong Cuong. Jean-Claude Lattès, janvier 2015.

Par Emily Vaquié

A propos Emily Costecalde 1036 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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