Humaine : honni soit qui mal y pense

Lenah Beaudonte est une des vampires les plus puissantes de sa génération. A presque 500 ans, elle est à la tête d’un cercle de suceurs de sang dévoués. Pourtant, la souffrance infligée aux humains n’est rien comparée au vide qu’elle ressent. Lenah n’en peut plus de son statut d’immortelle sanguinaire. Sa décision est prise : elle souhaite redevenir humaine. Après une hibernation d’un siècle, son souhait est exaucé : son grand amour et créateur Rhode a donné sa vie pour accomplir un ancien rituel magique. Pleurant son défunt compagnon, Lenah démarre une vie humaine au lycée Wickham, dans la peau d’une adolescente de 16 ans. Mais après 600 ans de vie nocturne, dont 100 ans de sommeil, il est très difficile de s’adapter au mode de vie du 21e siècle. Langage, codes sociaux, alimentation… Lenah doit tout réapprendre. Heureusement, le premier jour de sa nouvelle vie, elle rencontre Tony, un jeune homme charmant qui deviendra vite son meilleur ami, ainsi qu’un certain Justin, mystérieux beau jeune homme inaccessible…

D’un côté, le concept est génial. Souvent, les auteurs nous racontent les mésaventures d’un (ou une) humain transformé en vampire (bon gré, mal gré). Ici, Rebecca Maizel construit son récit autour de la métamorphose d’une vampire en humaine, mettant l’accent sur la condition peu reluisante des vampires. En effet, les vampires sont sans âme (ça oui, on le savait), ils n’aiment pas le soleil (ça aussi, on le savait), mais surtout, ils vivent une existence d’insatisfaction permanente. Assoiffés de sang, sans aucune considération pour la vie humaine, les vampires sont telle une carcasse vide. Ils remplissent ce corps, ce contenant, avec du sang frais, mais c’est le vide qui persiste. Pire encore, le vide ne laisse de place qu’à la douleur, une douleur lancinante, comme une sensation de torture interne, de sécheresse. Incapable de ressentir des émotions, de pleurer. Rien. Une vie certes enviable d’un certain point de vue (qui ne rêverait pas de l’immortalité et de l’absence de souffrance émotionnelle ?), mais terriblement fade et vaine (et douloureuse !).

Humaine, Rebecca Maizel, Le livre de poche

Face à cela, il est de mon devoir de faire un triste constat : tout va bien trop vite dans ce roman ! Oui, l’intrigue est fantastique, le déroulé des évènements cohérents, mais tout va décidément trop vite à mon goût. En quelques jours, Lenah tombe amoureuse de Justin (oubliant royalement son ami Tony au passage), et tout s’accélère encore : la rencontre des parents, l’arrivée du cercle de vampires de Lenah venu pour la ramener au bercail, la fin tragique… Et si on ralentissait un peu ? Et si on prenait le temps de réapprendre à vivre une vie d’humaine normale, célibataire, loin des amants vampiriques avant de se lancer aveuglément dans une histoire d’amour ?

En somme, un roman très agréable, donnant un point de vue innovant et non négligeable, mais qui ressemble parfois à une simple petite amourette de lycéenne. Le sentiment général de cette lecture reste malgré tout très positif, notamment grâce à des personnages très intéressants (mention spéciale pour Tony) et des scènes d’émotions très réussies. On notera d’ailleurs que les réactions d’humaine-Lenah sont parfaitement écrites et décrites par l’auteure.

Humaine, Rebecca Maizel. Le livre de poche, mars 2015. Traduit de l’anglais par Valérie Le Plouhinec.

Par Séverine

A propos Severine Le Burel 136 Articles
Littéraire dans l’âme, j’attends d’un roman, film, ou fiction de l’émotion, des bouleversements, un ouragan de sentiments… Bref, j’aime qu’une histoire me touche et me transforme.

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