Cité 19, escale dans le passé réussie !

Cité 19, Stéphane Michaka, PKJ

ROMAN JEUNESSE — Le voyage dans le temps est un thème éternellement fascinant : l’idée de pouvoir se promener dans le passé et d’observer des choses et des paysages depuis longtemps disparus ou altérés a quelque chose de magique. Dans Cité 19, Stéphane Michaka imagine un saut dans le passé de près d’un siècle et demi, et précipite son héroïne dans le Paris du Second Empire.

Cité 19 commence un peu comme le Da Vinci Code de Dan Brown (mais toute similitude s’arrête là !) : une jeune fille découvre qu’un de ses proches, conservateur de musée à Paris, est mort dans des circonstances pour le moins douteuses. La jeune Faustine ne devrait avoir à se préoccuper que de son baccalauréat, au lieu de quoi elle doit aller identifier son père à la morgue. Pour la jeune fille, le choc est d’autant plus grand qu’elle ne reconnaît pas les mains du cadavre, par ailleurs tellement défiguré qu’impossible à reconnaître formellement. Elle en est certaine : cet homme n’est pas son père. Et si sa disparition avait à voir avec cette étrange association qui promet des promenades historiques si bien ficelées qu’elles vous renvoient dans le passé ? Faustine se lance sur cette piste… et se réveille effectivement 150 ans plus tôt.

Cité 19, Stéphane Michaka, PKJ

Avec quelle magie, quelle précision, Stéphane Michaka parvient à recréer le Paris d’antan ! Sous sa plume, c’est le Paris d’Haussmann qui renaît : il brosse en quelques pages le portrait d’une ville en pleine mutation, prise entre tradition et modernité. Faustine, fascinée par le XIXe siècle, y évolue avec plaisir, une fois passés les premiers élans de panique bien compréhensibles. Faustine va faire du Vieux Paris son monde ! Rejetant le carcan de son sexe, à une époque où pour une fille sans ressources comme elle, les choix étaient bien maigres, elle décide de se travestir et intègre une équipe de journalistes. C’est l’occasion pour Stéphane Michaka de donner une dimension sociologique à son récit, en nous dépeignant les dortoirs de cousettes, et l’impuissance de ces jeunes filles dans un monde d’hommes. On se croirait tantôt chez Zola, tantôt chez Hugo quand ils décrivent tous deux cet horizon bouché, la réalité de la misère à Paris au XIXe siècle.

Mais à la dimension historique très réussie de Cité 19 se mêle aussi un aspect policier très bien pensé, dans la lignée des serial killers londoniens de type Jack l’éventreur. Faustine, devenue journaliste, va en effet enquêter sur une série de meurtres abominables commis dans la capitale. On trouve aussi un poil de science-fiction, quand Stéphane Michaka commence à nous révéler comment et pourquoi Faustine a basculé dans le passé.

Cité 19 est donc un roman très convaincant, dont la suite sortira en février. On se régale grâce au talent de conteur de Stéphane Michaka, qui recrée avec beaucoup de doigté une époque fascinante de la vie parisienne. Bravo, monsieur !

Cité 19, Stéphane Michaka. PKJ, 2015.

A propos Emily Costecalde 1036 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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