Deux : une écriture envoûtante !

Deux, Penny Hancock, Sonatine

Nora pense avoir trouvé l’espoir grâce à Dora et Dora pense avoir retrouvé l’espoir grâce à Mona. Jusqu’où le choc des cultures peut nous projeter ?

Penny Hancock brosse un portrait sans concession de deux femmes que tout oppose mais qui n’ont d’autre choix que de cohabiter. Mona quitte le Maroc en laissant sa vie, la misère mais aussi sa fille et sa mère derrière elle. Elle a accepté un travail en Angleterre pour retrouver son mari dont elle n’a plus de nouvelles. Théodora, surnommé Dora étouffe dans son rôle de femme parfaite. Sa mère vient de mourir, son fils est en plein déchéance et son père a la maladie d’Alzeihmer. Dora a l’argent pour employer Mona afin qu’elle s’occupe de son père et lui permette de se consacrer à sa carrière ainsi qu’à son amant. Mona voit une opportunité incroyable de gagner de l’argent pour sa fille et sa mère mais aussi de se rendre là où elle pressent que Ali, son mari a fui.

Nora ne comprend pas cette vie solitaire dans une maison magnifique mais à moitié propre que mène Dora. Elle ne comprend pas non plus pourquoi son père vit dans un sous-sol aménagé. Dora quant à elle reproche sans arrêt à Mona de se démener pour lustrer la maison alors qu’elle attend d’elle de veiller 24H/24 sur son père. Et puis Dora se prend au jeu. C’est finalement agréable une maison propre. Ca le devient nettement moins lorsque des objets disparaissent. Elle pense qu’elle a laissé une trop grande liberté à une simple domestique. Elle remet donc le marché en main à Mona et la prive de plus en plus : sommeil, sorties, argent…

Deux, Penny Hancock, Sonatine

Charles, le père de Dora, s’attache de plus en plus à Mona, tout autant que Léo, ce fils désorienté qui demande juste un peu d’attention. Petit à petit, les relations entre les deux femmes deviennent complexes. Le lecteur balance entre une culture qu’il ne connaît pas et qui pourtant semble tellement plus aimante, essentielle et une autre, européenne qui lui est familière. Le fait est que Penny Hancock joue avec nos nerfs subtilement et sournoisement. Ces deux femmes ont des excuses et des torts. Laquelle dépassera la limite en premier ?

D’une écriture envoûtante, l’auteure embarque son lecteur sur un bateau qui tangue sans cesse. C’est très inconfortable mais on ne peut pas le quitter car notre voyeurisme nous pousse jusqu’au bout. Que peut-il encore se passer ? Jusqu’où le mal être entraine-t-il ? Que faire de la jalousie ? Mona et Dora vont devoir répondre à ses questions pour des raisons diamétralement opposées.

Deux, Penny Hancock, Sonatine, 2015. Traduit de l’anglais par Julie Sibony.

Par Bérangère

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