Conseil lecture : trois romans sur les Indiens d’Amérique !

Visuel : afp.com/Jeff Pachoud

ROMANS AMÉRICAINS — Nombreux sont les clichés et les idées reçues sur les Indiens d’Amérique dans l’esprit du lecteur français, qui ne fait bien souvent pas la distinction entre les différentes tribus. Chez Café Powell, nous avons décidé de vous sélectionner trois romans mettant en scène des Amérindiens, trois récits que nous avons aimé et qui nous ont dépaysés !

Dans le grand cercle du monde : rencontre entre un jésuite français et les Hurons au XVIIe siècle !

Dans le grand cercle du monde, Joseph Boyden, Le livre de poche

Avec Dans le grand cercle du monde, Joseph Boyden nous transporte dans le Canada au XVIIe siècle, grâce au récit mêlé de trois personnages : un chef de guerre huron, sa fille adoptive (malgré elle !) iroquoise, et Christophe, un jeune jésuite venu évangéliser les Indiens. C’est un récit sans concession, parfois terrible, que nous livre Joseph Boyden. Âmes sensibles s’abstenir : les tribus n’étaient pas tendres avec leurs ennemis, et certaines scènes de torture sont à la limite du supportable. Mais pourtant, il faut lire ce grand roman pour la plongée passionnante au sein de la vie des Hurons qu’il permet, avec une précision d’anthropologue. On s’attache terriblement à ces trois personnages au fil des pages, qui ne sont pas juste des avatars de leurs tribus respectives. Christophe, le jeune jésuite, marque durablement les esprits : son rapport à la foi, aux coutumes des Indiens, est fort bien traité. Il est le trait d’union entre les Indiens et les Européens.

Précisions également que Dans le grand cercle du monde est admirablement bien écrit : si le style peut paraître déconcertant au début, on savoure finalement la prose de Joseph Boyden avec beaucoup de plaisir.

Mille femmes blanches : des épouses blanches pour les Cheyennes !

Mille femmes blanches, Jim Fergus, Pocket

Seize ans après la sortie de Mille femmes blanches, le Cherche-Midi éditeur publie la suite du roman de Jim Fergus : La Vengeance des mères. C’est l’occasion plus que jamais de se plonger dans ce très beau roman mettant en scène un étrange échange validé par le gouvernement étasunien : mille femmes blanches contre autant de chevaux, dans le but de faciliter l’intégration des Indiens. Recrutée dans un asile de fous, où sa famille l’avait fait séquestrer, May Dodd devient ainsi l’épouse du chef cheyenne Little Wolf. C’est à travers son journal intime que nous découvrons son histoire. Le résultat ? Jim Fergus a écrit un roman passionnant et touchant, qui allie la minutie d’un essai au romanesque d’une légende. On ne s’ennuie pas une seule seconde dans ce récit, même lors des descriptions précises du quotidien des Cheyennes. Bien au contraire, on en redemanderait ! Sur la fin, Mille femmes blanches prend des accents tragiques : nous sommes en 1874, et les Amérindiens sont décimés par la maladie, l’alcool, la guerre. May, impuissante, assiste à l’agonie de sa nouvelle famille. Un récit terrible mais nécessaire, résolument engagé.

Collines noires : un Indien lakota sur le mont Rushmore !

 Collines noires, Dan Simmons, Pocket

Dan Simmons est un des grands noms de la littérature fantastique, mais c’est dans cet excellent roman historique que nous l’avons découvert. Collines noires met en scène Paha Sapa, un jeune Indien qui, lors de la tristement célèbre bataille de Little Big Horn, assiste à la mort du général Custer, et se voit aussitôt possédé par l’esprit du défunt. Nous retrouvons notre héros bien des années plus tard, dans les Collines noires, qui fut autrefois accordé par traité aux Indiens jusqu’à ce que de l’or y soit découvert et que les Indiens en soit chassés. Dans ce lieu sacré pour toute une communauté, le gouvernement américain a décidé de célébrer les grands noms de la nation américaine : Washington, Jefferson, Lincoln et Roosevelt. C’est le célèbre mont Rushmore. Paha Sapa est ouvrier sur le chantier, et a décidé de faire de l’inauguration du monument un moment que le président n’oubliera jamais, en faisant tout bonnement exploser les sculptures. Avec Collines noires, Dan Simmons nous livre un grand, grand roman, délicieusement foisonnant, qui explore avec passion un peu plus d’un demi-siècle d’histoire américaine. Touchant et maîtrisé de bout en bout, Collines noires est de ces romans que l’on relira avec plaisir.

Dans le grand cercle du monde, Joseph Boyden. Le livre de poche, 2015. Traduit par Michel Lederer.

Mille femmes blanches, Jim Fergus. Pocket, 2011. Traduit par Jean-Luc Piningre.

Collines noires, Dan Simmons. Pocket, 2014. Traduit par Odile Demange.

A propos Emily Costecalde 1036 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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