Le Sang des Dieux et des Rois, un roman poussif peinant à passionner

FANTASY HISTORIQUE – Eleanor Herman a déjà écrit de nombreux ouvrages de non-fiction, salués par la critique et dans la liste des auteurs bestseller du New York Times. Passionnée d’histoire ancienne, elle a écrit un premier roman de fantasy historique, Le Sang des Dieux et des Rois, qui se déploiera en quatre tomes et qui sera bientôt adapté par Warner Bros en série TV.

Le Sang des Dieux et des Rois met en scène une pléthore de personnages principaux. Il y a Katerina et Jacob, originaires d’Erissa, respectivement fils et fille adoptive du potier du village. Le second participe au tournoi de Pella, la capitale de la Macédoine et Katerina (profondément amoureuse de lui, réciproquement) le suit en douce. Si Jacob a à cœur de gagner le tournoi pour pouvoir épouser Kat, celle-ci a une mission secrète : elle pense devoir tuer la reine avant de découvrir ce qui est réellement arrivé à sa mère. A Pella, ils vont croiser la route de la famille royale : il y a Alexandre, héritier du trône, qui veut à tout prix prouver à son père qu’il n’est pas qu’un bon à rien ; il y a Cynané, demi-sœur d’Alexandre, fille d’une défunte enchanteresse, qui espère mettre la main sur une magie ancienne et puissante ; il y a Héphestion, le petit voleur sorti du ruisseau, meilleur ami d’Alexandre, guerrier émérite. Il y a aussi Zofia, jeune princesse persane fiancée – contre son gré, évidemment – à Alexandre et qui s’échappe avant d’être enlevée par des marchands d’esclaves. Autour d’eux gravitent d’autres figures importantes, comme la reine Olympias, qui semble avoir de multiples secrets à cacher et les seigneurs ésariens, lancés dans une vraie chasse aux sorcières.

Le Sang des Dieux et des Rois, Eleanor Herman, Robert Laffont, R,

Il y a donc une quantité incroyable de personnages, dont les intérêts divergent, ce qui peut rendre l’intrigue difficile à suivre. D’autant que les péripéties sont loin d’être effrénées : le roman souffre de nombreuses longueurs. Tout cela est dû au placage d’une histoire de magie sur la réalité historique, qui ne colle pas toujours tout à fait à l’histoire : ainsi, on suit le départ de Philippe avec ses armées, les velléités d’Alexandre quant au pouvoir, les petites manipulations de Cynané, qui s’entrecroisent avec les quêtes magiques des uns et des autres – il semblerait qu’outre Jacob, tout le monde cherche le réconfort dans des pouvoirs magiques difficiles à acquérir. Et, si ces pouvoirs sont nombreux et différents, l’ensemble manque un peu trop d’explications pour s’avérer vraiment convaincant. Par ailleurs, les intrigues ne sont guère creusées et les indices un peu trop flagrants pour tenir le lecteur en haleine.

De plus, l’auteur use et abuse des diminutifs pour ses personnages : pas moyen d’en rencontrer un qu’elle n’appelle pas par un petit nom bien pratique, mais parfaitement anachronique (heureusement, on échappe au « roi Phil ». Mais pas au « prince Alex », malheureusement). Associé au style horriblement plat et lourd, dû à une narration intégralement rédigée au présent de l’indicatif (fautes de syntaxe incluses…), cela donne un roman certes facile à lire, mais qui peine à passionner.

Heureusement, le contexte historique est creusé, constitué de nombreux petits détails réalistes très intéressants et qui permettent de s’immerger parfaitement dans la période, à défaut de nourrir une intrigue fournie.

Le Sang des Dieux et des Rois, Eleanor Herman. Robert Laffont (R), 21 avril 2016. Traduit de l’anglais par Madeleine Nasalik. 

A propos Oihana 710 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

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