L’Année du rat, un roman ado entre émotion et réflexion !

L'Année du rat, Clare Furniss, Black Moon

ROMAN ADO — Pearl avait tout pour être heureuse : une vie posée, une mère aimante, un père adoptif la considérant comme sa propre fille. Rien ne semble pouvoir mettre un frein à son bonheur jusqu’au jour où sa mère décède brutalement. Enceinte à ce moment tragique, seul le bébé, bien que grande prématurée, survit. Pour Pearl, c’est tout son monde qui s’écroule.

En quelques instants, l’adolescente bien dans sa peau, forte et pleine de vie s’enfonce dans un amas de souffrance indicible. Pour elle, impossible de considérer le bébé comme sa petite soeur et même comme un bébé. Pour elle, elle reste « le rat », une espèce de petite chose informe qui a causé la mort de sa mère et qui est en train de lui voler son père.

Durant des mois, Pearl va s’isoler et s’enfermer sur elle-même, nourrissant une haine à l’égard de sa petite soeur et de son père, ne se sentant vivante qu’en accusant la Terre entière de la mort de sa mère. L’adolescente bien dans sa peau devra alors peu à peu et bien malgré elle une véritable bombe à retardement.

Traiter de sujets douloureux et graves en littérature jeunesse est toujours quelque chose de difficile et de risqué mais aussi quelque chose d’important. Ici, l’auteur se frotte à la question du deuil et c’est avec brio qu’elle s’y emploie en nous offrant le portrait d’une adolescente venant de perdre sa mère et complètement perdue.

L'Année du rat, Clare Furniss, Black Moon

Pearl est une jeune fille pour laquelle on éprouve tout de suite des sentiments mitigés : à la fois une forte tendresse et à la fois un certain agacement. Tantôt on a envie de la prendre dans nos bras pour la consoler, tantôt on a envie de la secouer pour lui faire comprendre que sa souffrance est légitime, certes, mais qu’elle n’est pas la seule dans ce cas.

L’auteur parvient cependant avec beaucoup de finesse à nous faire ressentir les sentiments de Pearl et à nous entraîner avec elle dans sa vision noire du monde. Une sensation très dérangeante mais qui fait réfléchir sur nos propres sentiments. Car bien sûr, nul ne peut savoir sans l’avoir vécu s’il ne réagirait pas comme Pearl si, ado, il avait perdu un parent.

Le point fort de ce roman est cependant avant tout le message qu’il nous livre sur la famille et sur les relations entre les gens en cas d’épreuve. Un message d’amour, de tendresse et de force qui ne s’obtient qu’en restant proches de ceux que l’on aime malgré le sentiment de solitude que l’on peut éprouver. L’auteur sait nous rappeler également combien il importe de ne pas s’enfermer dans une souffrance. Le style de l’auteur est addictif. Ce roman se dévore et nous fait éprouver mille sensations entre les rires, les larmes et la colère. L’auteur raconte avec brio les sentiments de Pearl au point que cela en est troublant et c’est à regret que l’on referme le roman. Avec cette fiction, le lecteur adulte saura peut-être un peu mieux se mettre à la place d’une adolescente perdue.

Voici un roman un très fort sur un sujet à la fois terrible et douloureux qu’il était osé de traiter en littérature jeunesse. L’auteur s’y essaye et y parvient avec beaucoup de grâce en nous offrant un personnage troublant et troublé qui peut parfois agacer mais que l’on comprend de bout en bout de l’histoire.

Un roman à découvrir absolument si vous recherchez de l’émotion et de la réflexion !

L’Année du rat, Clare Furniss. Black Moon, juillet 2016. Traduit de l’anglais par Camille Croqueloup.

Par Ségolène

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.