A Game of Thrones : la fantasy et moi

FANTASY — « The major fantasy publishing event of… 1996 » indique la toute première page de mon édition de A Game of Thrones, série de fantasy qui fait depuis quelques années le bonheur des sériephiles. Oui, il faut dire qu’en commençant en novembre 2016 la lecture du premier volume de cette série fantasy fleuve rendue mondialement célèbre par HBO, je ne suis pas particulièrement en avance. À ma décharge, lorsque A Game of Thrones a fait le bonheur de ses premiers lecteurs en 1996, j’apprenais tout juste à lire, et mon anglais se réduisait à quelques mots, comme Good morning ou Thank you, des mots certes d’utilité générale mais qui ne permettent en aucun cas d’appréhender l’oeuvre complexe de George R. R. Martin.

Mais alors que les fans de la série attendent avec impatience l’arrivée sur les écrans américains de la saison 7, que tout individu connecté sur les réseaux sociaux s’est fait abondamment gâcher les rebondissements de la série (Jon Snow ou pas Jon Snow, telle est la question…), qu’est-ce qui a bien pu me motiver à enfin découvrir ce petit bijou de fantasy ?

Il faut que je vous dise que je ne suis plus vraiment une lectrice de fantasy. Je l’ai pourtant été à l’adolescence. Je me souviens avec beaucoup de tendresse de ma découverte de cet univers avec la série Le Royaume de Tobin, de Lynn Flewelling. Je me souviens aussi de ma grande frustration lorsqu’après avoir dévoré les tomes déjà disponibles, je m’étais heurtée à une longue attente entre la parution des volumes suivants. De ce point de vue-là, ce n’est pas avec Martin que j’aurais évité l’écueil de la frustration, qui chez moi entraîne bien souvent l’envie d’aller découvrir de nouvelles choses, ce qui explique que, souvent, je ne termine pas les longues séries de livres que je commence. Il faut compter en effet plusieurs années entre chaque tome ! Cela explique pourquoi, voulant éviter cette attente entre les tomes, j’ai voulu découvrir L’Assassin Royal, une série qui comptait alors treize romans, tous déjà disponibles. Après les avoir tous dévorés en trois mois de temps, je m’estimais repue pour un temps de la fantasy, sans savoir, bien sûr, que Robin Hobb allait remettre le couvert avec mes héros fétiches en 2014…

A Game of Thrones, George R. R. Martin

Entre 2007 et maintenant, mes excursions dans le royaume de la fantasy ont été très mesurées et très limitées. Je n’avais pas envie de me lancer dans une nouvelle saga fleuve, et je préférais me plonger dans des univers plus réalistes. Début 2011, cependant, j’ai été tentée de renouer avec mes amours de jeunesse. À l’époque, je travaillais dans une médiathèque : rien de plus simple, alors, que de piocher parmi les rayonnages du rayon « imaginaire ». Mon choix s’est alors porté sur une de ces séries un peu anciennes déjà dont j’avais entendu beaucoup de bien : cela s’appelait, vous l’aurez deviné, Le Trône de fer. C’était un volume plutôt court, plus très récent (un détail qui ne trompe pas : le prix était indiqué en francs), qui promettait une immersion dans un royaume lointain et médiéval, dans lequel évolue une famille au destin tragique. Il y avait aussi la promesse d’un ou deux dragons. J’ai lu ce premier tome, et je vous le dis tout net : je n’ai pas accroché.

La preuve en est, je ne l’ai même pas chroniqué, à l’époque où j’étais une blogueuse assidue qui rendait compte de toutes ses lectures. J’ai le souvenir d’avoir trouvé ça longuet, écrit dans un style trop désuet pour être agréable. Je me noyais entre les différents personnages, il y en avait trop, cela n’avançait pas. J’ai tout de même emprunté le tome 2 à la médiathèque, pour finalement le rendre sans y avoir touché. Le Trône de fer, ce n’était pas pour moi.

A Game of Thrones, George R. R. Martin

À peine quelques mois après cette déception, mes camarades de promotion ont commencé à s’enthousiasmer pour une série américaine (une de plus !) qui, malgré sa violence, semblait récolter tous les suffrages. Cette série, vous l’aurez deviné, c’était Game of Thrones, GOT pour les intimes (et ils sont nombreux !). Les saisons ont commencé à défiler sans que je ne sois tentée plus que ça de la découvrir. Pourtant, nombreux étaient mes proches à me la conseiller. Bientôt, il a été très difficile, voire impossible, d’évoluer sur Facebook et Twitter sans être « spoilé » à tout va sur la série. J’ai ainsi souvenir d’un épisode de la saison 3 qui a réduit ma timeline Facebook à une longue journée de lamentations virtuelles. Bientôt, j’ai été capable de soutenir des conversations sur la série… sans jamais en avoir vu un épisode. Je suis devenue experte en private jokes sur les personnages, dont je ne conservais pourtant plus qu’un lointain souvenir après ma lecture du tome 1, selon le découpage français puisque les éditeurs français de fantasy ont la vilaine habitude de diviser les volumes anglophones en plusieurs livres. On se souviendra des treize tomes de L’Assassin Royal là où les Américains ne comptent que six romans.

Cet été, cependant, après avoir constaté de loin dans quel état la fin de la saison 5 avait mis les internautes et après avoir eu en même temps qu’eux la réponse à des mois d’interrogations, j’ai décidé de regarder enfin la première saison de la série, puisqu’après tout, j’avais huit heures d’avion à occuper. Mon mari et moi avons donc fait une pause Westeros quelque part au-dessus de l’océan Atlantique. Et là, paf ! Coup de foudre. Nous sommes tous les deux tombés sous le charme de la série. Mais n’étant pas des binge watchers, quatre mois plus tard, nous n’en sommes toujours qu’au début de la saison 2…

Repensant alors à ma rencontre ratée avec le roman quelques cinq ans auparavant, et ayant depuis lu et aimé d’autres romans de Martin (Riverdream et Armageddon Rag), je décidais d’acheter le premier volume, en anglais cette fois-ci : un livre de poche de quelques huit cent pages que je viens de terminer de lire. Là où la traduction française m’avait laissée de marbre, et où le découpage éditorial m’avait agacée, je me suis éclatée de bout en bout avec ce roman, n’étant même pas gênée par l’absence de suspense (ayant visionné toute la première saison), me replongeant même avec délice dans des scènes dont je n’ignorais pas le dénouement. Vingt ans après la première publication du roman, cinq ans après la diffusion du tout premier épisode de la série, je pars donc à la conquête de A Song of Ice and Fire

A Game of Thrones, George R. R. Martin. Bantam Books, 2011.

Allez, un meme drôle pour la route !

A Game of Thrones, George R. R. Martin

A propos Emily Costecalde 1036 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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