On a vu A Cure for Life, et on vous dit tout !

A Cure for Life, Gore Verbinski

CINÉMA — A Cure for Life, le nouveau Gore Verbinski, est sorti dans les salles obscures mi-février. Pour Gore Verbinski, c’est un retour aux sources, et plus particulièrement à la palette de couleurs sourdes, et à l’enquête menée par un personnage dont ce n’est pas le métier comme dans son film culte de 2002, The Ring. Mais alors que le réalisateur nous avait habitués à des films d’horreur fantastiques diaboliquement efficaces, A Cure for Life se concentre davantage sur les sensations fortes. A Cure for Life nous présente une véritable parabole sur le mal à l’âme propre à la vie moderne.

Notre héros, Lockhart (joué par Dane DeHaan), est un agent de change qui a faim de pouvoir, travaillant à Manhattan, dans une tour de verre et d’acier. Nous découvrons immédiatement qu’il est un bourreau de travail avec des priorités assez confuses, car il confie le soin à sa secrétaire de choisir un cadeau d’anniversaire pour sa mère mais vit pour son travail avant tout. À la veille d’une fusion majeure, le conseil d’administration a demandé à cet impitoyable ambitieux de rapatrier le PDG de l’entreprise, Pembroke (joué par Harry Groener), du centre de cure où il a élu domicile de façon permanente. Ce n’est pas une destination de détente classique. Situé sur une route sinueuse de montagne dans les Alpes suisses, c’est un hôpital aménagé dans un château gothique imposant, où les riches patients font voler des cerfs-volants, jouent au carte et suivent une mystérieuse forme de thérapie tourné autour d’un élément : l’eau. Pembroke n’a pas l’intention de partir, mais cela s’avère n’être qu’un des nombreux problèmes de Lockhart, surtout quand il a un accident de voiture sur le chemin du retour et qu’il se réveille dans l’hôpital non plus en tant que visiteur mais en tant que patient.

A Cure for Life, Gore Verbinski

Y a-t-il quelque chose de néfaste dans cette cure, surveillée par un médecin en chef serviable au point d’en être collant (joué par Jason Isaacs) ? Ou est-ce seulement le fruit de l’imagination de Lockhart, une projection des traumatismes de son enfance et de la fatigue engrangée au sein du monde dur et froid de l’entreprise ? A Cure for Life prolonge son mystère et joue des tours au spectateur. Avec sa jambe dans le plâtre, à chaque fois que notre héros doit courir ou faire quelque chose de physique, nous grimaçons de concert avec lui, ressentons le moindre gémissement de douleur, ce qui accentue la vulnérabilité du jeune homme. C’est à la fois un ingénieux dispositif de suspense et d’entrave à la recherche de réponses, sûrement, pour mieux impliquer une jeune demoiselle au teint pâle et au visage enfantin du nom d’Hannah (joué par Mia Goth). Existe-elle vraiment ?  Les anguilles qui se tortillent au quatre coins du sanatorium sont-elles vraiment le fruit de son imagination ?

A Cure for Life, Gore Verbinski

A Cure for Life est filmé et conçu de façon immaculée, ce qui déstabilise profondément et provoque son public, créant une atmosphère de paranoïa et une logique de rêve peu fiable. Verbinski a créé une ambiance angoissante qui accentue les sens, la caméra s’attarde sur chaque petit détail, comme Lockhart grattant son bras, nous sentons tous les bruits, et chaque souffle de douleur. DeHaan joue le rôle avec un certain talent qui nous permet de douter de sa santé mentale : est-il réellement dépressif, souffrant d’effets secondaires du traitement, comme les médecins lui indiquent à de nombreuses reprises ? C’est ce mystère qui maintient l’attention du spectateur, nous gardant absorbés, alors que nous cherchons la réponse à cette question primordiale.

Verbinski parvient à faire en sorte que ce personnage demeure fidèle au genre auquel il appartient, en adoptant des traits du film d’horreur pour maximiser l’inconfort sur le spectacle. A Cure for Life rappelle également dans son schéma scénaristique Shutter Island de Martin Scorsese, en beaucoup plus long. Certes, un film avec 20 à 30 minutes de moins aurait été plus efficace avec un peu moins de suspense, mais la stimulation pendant plus de 2h30 détruit une grande partie de l’efficacité de Verbinski à construire la tension, même si tant de séquences individuelles sont terrifiantes.

En salles depuis le 15 février 2017.

A propos Kévin Costecalde 303 Articles
Passionné par la photographie et les médias, Kévin est chef de projet communication. En 2012, il a lancé le blog La Minute de Com, une excellente occasion selon lui d'étudier les réseaux sociaux et l'actualité. Curieux et touche-à-tout, Kévin aime les challenges, les voyages et l'ironie.

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