Complainte d’un usager de la ligne B en détresse

Comme bien des franciliens, je subis chaque jour les retards et suppressions surprises de la ligne B quand je vais travailler ou en cours, car je cumule les deux. En deux ans d’utilisation de la ligne, j’ai vu la dégradation d’un service qui pourtant, continue de nous coûter de plus en plus cher. Quand on me dit que l’on devrait s’estimer satisfait du réseau francilien, et que finalement, il ne nous coûte pas tant que ça, et marche dans l’ensemble plutôt bien, j’ai envie d’inviter quiconque pense que la SNCF et RATP font bien leur travail à vivre une semaine dans mes baskets, pour qu’il comprenne à quel point il est éprouvant de vivre sur la ligne B.

Mon trajet est simple et, sur le papier, ne devrait durer que 35 minutes environ. Pourtant, je ne compte plus les matins où j’arrive en retard, qu’il s’agisse de cinq minutes à parfois plus d’une demi-heure. Qui dit retard, dit conditions de voyage atroces, surtout en ces périodes estivales. Compressés dans des rames surchauffées, nous arrivons à Paris en sueur, les vêtements chiffonnés, déjà fatigués. Quand je vais travailler, mon premier geste en arrivant est de m’excuser en permanence auprès de mes supérieurs, et de demander à une de mes collègues, qui monte à Croix de Berny, si elle n’a pas eu trop de mal elle-aussi sur la ligne B. La réponse est toujours la même : bien-sûr que si, elle en a bavé, comme chacun d’entre nous. On en est venu au stade où la question de la ligne que l’on emprunte chaque jour est devenue une question banale en entretien d’embauche. Dire qu’on est sur la ligne B peut être rédhibitoire. J’ai toujours le besoin de me justifier à ce moment-là. Pour mon poste actuel, fort heureusement, ma chef prend également la ligne B. « On sera alors en retard ensemble » m’a-t-elle dit en riant.

Les retards sont quotidiens à la gare où je monte. Mon train est supposé passer à 8h44 mais arrive très souvent en gare à 8h50. Le retard peut vous sembler insignifiant, mais cela peut vous faire manquer une correspondance. Quand je vais en cours, je vais jusqu’à Châtelet, pour prendre la ligne A jusqu’à la Défense, avant de monter à bord d’un autre train pour Saint-Cloud. Cinq minutes de retard, et je manque le début de mon cours. J’ai donc pris l’habitude de partir avec toujours un train d’avance, voire deux en périodes de partiels : vous trouvez ça normal ? On connait tous des gens qui ont loupé leurs examens ou leurs concours, à cause de la ligne B.

Les travaux sur la ligne B rendent nos trajets retours de véritables calvaires. Nous souffrons du manque d’information liés à ces travaux : tous les trains sont terminus Massy-Palaiseau,  vous en saurez davantage sur place…en théorie ! Car dans les faits, les trains déversent leur flot de voyageurs, désorientés  sur le quai, qui ne savent pas trop dans quelle rame monter car rien n’est affiché, et il n’y a pas d’annonce. Deux pauvres informateurs présents sur le quai n’ont pas plus d’informations que nous pour renseigner une centaine d’usagers en détresse. Ces travaux nous pourrissent la vie depuis une semaine, et vont durer tout l’été.

Outre ces perturbations quotidiennes, la ligne B subit de véritables épreuves, qui reviennent chaque année et qui, pourtant, prennent en défaut chaque année la ligne. La neige par exemple. Quand, en mars dernier, on nous a dit que la SNCF et la RATP conseillaient aux usagers de « limiter leurs déplacements » j’ai eu envie de leur rire au nez : et les gens ils TRAVAILLENT comment ? Vous pensez qu’ils ont le CHOIX ? Un peu de poudreuse, et l’on en vient à envisager de dormir dans les gares, car on ne sait pas si la ligne B assurera. Même chose pour la pluie, ce qui est encore plus risible. Enfin, quand il n’y a pas de retards pour cause de météo, de colis suspect, de vol de câbles, d’accidents voyageurs, de présence de feuilles mortes sur les voies (oui, je vous assure), de rail cassé, il y a la grève, qui pourrit la vie à des milliers d’usagers plusieurs fois par an. On ne sait jamais vraiment pourquoi. On sait juste que ces jours-là, on va en baver pour aller travailler et qu’on a envie de maudire nos lignes respectives. On pourrait épiloguer pendant des années sur les grèves et leur impact sur le quotidien des passagers. Il suffit de circuler dans un wagon un jour de grève (enfin, si vous parvenez à vous faufiler entre les corps) pour prendre la température et voir que tous les usagers sont à bout de nerfs, ou alors d’aller sur Twitter en tapant #qml (quoi ma ligne). On n’a plus envie de compatir ou même de comprendre. On en a marre. Mais on n’a pas le choix. Car nous travaillons à Paris, et que c’est le seul moyen pour nous d’aller au travail.

Alors, vous pensez bien que quand un conducteur de la ligne 6 m’interpelle sur Twitter en me faisant comprendre que si je ne suis pas contente, je n’ai qu’à aller en province, je vois rouge, et je prends mon clavier. Belle communication de la part d’un des agents de la RATP !

A propos Emily Costecalde 1036 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

3 Commentaires

  1. Je te rassure, en province c’est pareil! Bon, certes chez nous on à pas le métro (encore heureux, j’ai testé celui de Paris il y à deux semaines, je comprends que tu t’énerves ^^’ ), mais on à les bus et le tramway…
    Les bus régionaux sont sois en retard, sois en avance (et n’attendent pas l’heure de passage… ), mais jamais à l’heure! Les rares bus à l’heure sont ceux du terminus, et encore, ça dépend ou se situe ton terminus. Ensuite on à le bus de ville, qui fait le tour de l’agglomération: pareil que les bus régionaux, et ça fait 3 semaines que le tarif à augmenté!
    Et à côté nous avons nos tram… Particulièrement petits, ils ont la fâcheuse habitude de tomber en panne de n’importe qu’elle manière qu’il soit: les freins qui lâchent en pleine descente, le moteur qui se décroche du tram (si si), ect… Et l’été, ils ne passent plus du tout pour travaux, donc remplacés par des bus de ville qui ne sont pas plus à l’heure.
    Il y à 4 ans, pour aller en cours, je devais prendre le bus régional à 6h45. Si je le ratais, j’étais bonne pour attendre 7h30. J’arrivais parfois à 6h30 pour être sûre de l’avoir, quand j’arrivais à me lever. Ensuite, selon les galères de tram et de bus de ville, il fallait jongler, courir un peu partout pour glanner des infos pour savoir quel bus prendre pour aller en cours, parceque évidemment, personne n’était sur place pour nous indiquer le chemin.
    Et le soir, quand tu finis tes cours à 18h30, que tu sais que tu as 1h/1h30 de transports en communs pour rentrer chez toi et que tu apprends qu’il y à grève, tu râles beaucoup!
    Bref, le mieux et d’investir dans un vélo en attendant de pouvoir passer le permis, et au moins tu es sur d’être à l’heure ^.^

    • Le pire c’est que nous avons le permis, mais l’essence, plus le prix du stationnement dans le sixième arrondissement (si on trouve une place), c’est trop cher…

  2. À 200% d’accord avec ton témoignage, je me retrouve pleinement dans ta description de l’horreur que sont les transports parisiens; je suis également étudiant en alternance, je cumule donc les cours et le boulot. J’ai toujours peur d’arriver en retard et de ne pas pouvoir récupérer de petit billet de retard, (en passant limité aux trains ayant +de 10 minutes de retard) mais se rendent t-il comptent que le trajet, bien souvent ne s’arrête pas à des arrêt desservis par le RERB ? Lorsque je dois me rendre en cours, c’est RERB, RERA, Ligne 9 : en clair, la galère… sur toute la ligne. J’ai débarqué en région parisienne en début d’année et je dirais que ce qui peut me plomber le plus le moral c’est bien la ligne B, son manque de communication et sa *randomitude* la plus complète. Bref, je compatis et souhaite que tout cela change, qu’on arrête de nous prendre pour des débiles… mais je rêve, sûrement.

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