À la claire rivière, Katherine Webb

Après les succès de L’Héritage et de Pressentiments, Katherine Webb confirme avec À la claire rivière, son dernier titre, son talent d’écrivain pour les fresques familiales, mettant au jour grands secrets et petites trahisons, sur fond de campagne anglaise.

Zach Gilchrist est galeriste à Bath : son talent d’artiste ne lui ayant jamais permis de percer, il est devenu spécialiste d’un peintre anglais, Charles Aubrey, que sa grand-mère avait brièvement côtoyé durant des vacances à Blacknowle… et dont il pourrait être le petit-fils illégitime. Zach a toujours rêvé à cet illustre mais secret grand-père, persuadé que c’est de lui qu’il tient sa fibre artistique. Mais aujourd’hui, Zach est dans la panade : la galerie est au point mort, son divorce a grevé ses maigres économies… et il apprend que son ex-femme suit son compagnon aux États-Unis, en emmenant leur fille avec eux. Zach est effondré.
C’est le moment que choisit son éditeur pour relancer Zach : où en est cette biographie révolutionnaire sur la vie de Charles Aubrey qu’il projetait d’écrire ? Zach n’ose pas avouer que ses notes traînent dans un carton sous son lit depuis des mois et, faute de meilleure activité, se dit que quelques jours de congé dans le Dorset ne lui feront pas de mal. Le voilà donc parti sur les traces de son idole.

A la claire rivière, Katherine Webb, Belfond

Mais à Blacknowle, c’est une autre paire de manches : les questions ne sont pas les bienvenues, surtout lorsqu’on est un étranger. Et il semblerait que les villégiatures de la famille Aubrey dans la région n’aient pas toujours été de tout repos. Difficile de faire parler les gens soixante ans après les faits. Alors que Zach est plein de bonne volonté, le mystère s’épaissit, s’assortit d’un décès suspect, et de l’émergence d’un jeune homme étrange figurant sur trois portraits, dont les dates bousculent la chronologie de la vie du peintre, et qui semblent sortir de nulle part. Zach rencontre alors Dimity Hatcher, une vieille dame qui a bien connu les Aubrey lorsqu’ils venaient en vacances, et qui semble disposée à partager ses souvenirs avec un artiste enthousiaste. Commencent alors pour Zach de longues séances de souvenirs remémorés, de découvertes inattendues… et de mensonges.

L’arrivée de Zach à Blacknowle ne tarde pas à déclencher les passions : Dimity se livre, certes, mais Zach est persuadé qu’à de nombreuses reprises, elle ne lui a pas tout dit. La vieille dame semble s’arranger avec la vérité, et livrer une histoire qui ne correspond pas exactement à ce que les autres villageois se remémorent. Quelque chose l’effraie, mais quoi ? Quel secret se terre dans les non-dits et les hésitations de la vieille dame ? Et pourquoi le village semble-t-il totalement réfractaire à l’enquête de Zach ?
Le lecteur, comme Zach, se prend au jeu des révélations, car l’auteur tisse son intrigue autour d’un va-et-vient entre passé et présent. Aux questions de Zach répondent des instants de l’adolescence de Dimity. Instants qui, comme les dialogues entre le galeriste et la vieille dame, tournent sans cesse autour d’un certain événement, très mystérieux, mais que l’on pressent tragique. Au fil des pages, le suspens monte : on se demande quelle est réellement la part de vérité dans le récit de Dimity, et pourquoi la vie de Charles Aubrey semble avoir brutalement tourné au cauchemar.

Katherine Webb dépeint avec minuties personnages et situations : page après page, on apprend à connaître chacun des protagonistes. On s’interroge sur leurs motivations, leur passé, leurs aspirations. Et on profite des paysages verdoyants de la campagne anglaise, décrits par une plume subtile et proprement enchanteresse.
L’auteur prend son temps pour dérouler son intrigue : mais on ne s’ennuie pas un seul instant, piégé que l’on est par la tension psychologique qui se dégage des pages. L’auteur ménage savamment ses effets et lorsque viennent les dernières révélations, c’est l’émotion qui prime ! Au roman d’amour et à la fresque familiale, l’auteur mêle des accents de roman policier pas désagréables : fresque, enquête, roman humain, À la claire rivière est un roman polyphonique et dense qui se lit avec l’impression de plonger et dans l’enquête de Zach et dans un passé foisonnant et tumultueux.
Donc si vous aimez les romans denses et portés par un style enchanteur, les sombres histoires de famille et les secrets dissimulés depuis des générations, n’hésitez plus : À la claire rivière devrait vous plaire !

À la claire rivière, Katherine Webb. Belfond, avril 2014.

par Oihana

A propos Oihana 710 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

2 Commentaires

  1. Ce n’est pas mon genre de prédilection, mais je dois reconnaître que l’auteur m’a captivée ! J’espère qu’il te plaira. Si tu as l’occasion de le lire, reviens nous dire ce que tu en as pensé !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.