Accelerando, Charles Stross et la hard-SF

Accelerando, Charles Stross, Piranha

Accelerando est un roman phare de l’œuvre de Charles Stross : composé de plusieurs novellas, publié en 2005, il a été récompensé du prix Locus du meilleur roman de SF en 2006.
Accelerando, c’est l’histoire de Manfred, courtier en innovations technologiques, qui joue avec les lois du marché pour faire un maximum de profit, malgré la rude concurrence d’un monde post-humain et la nécessité d’être sans cesse plus audacieux et innovant.
L’histoire est brillante. Absolument loufoque et déjantée mais brillante. Ainsi, dans ce futur, les relations charnelles ont été remplacées par des échanges de données. On peut télécharger des crustacés sur internet et s’interroger sur leurs droits du travail. Il y a quasiment une nouvelle idée à chaque page : cela fuse de partout et l’auteur s’appuie sur une solide base de connaissances scientifiques plutôt pointues – explicitées par le glossaire en fin d’ouvrage, lui-même un poil ardu. On a l’impression de ne jamais pouvoir se poser, d’être constamment sous pression : l’histoire est menée sur les chapeaux de roues !

Accelerando, Charles Stross, Piranha
Mais le texte reste plutôt difficile d’accès : entre les théories scientifiques auxquels l’auteur fait appel et les définitions extrêmement complexes, il est parfois difficile de s’y retrouver, d’autant que l’histoire ne se dévoile pas d’emblée, mais progresse par petites touches.
Accelerando est un grand roman de science-fiction, sans aucun doute, à réserver peut-être aux passionnés ou aux fondus de science ; les néophytes pourraient être quelque peu déstabilisés par le fond.

Accelerando, Charles Stross. Traduit de l’anglais par Jean Bonnefoy. Piranha, 2 avril 2015. 

A propos Oihana 710 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

1 Commentaire

  1. J’ai tendance à penser qu’une bonne partie des critiques favorables que ce livre a reçu sont de pure hypocrisie : en encensant « Accelerando », on veut faire croire que l’on comprend et maîtrise les thèmes abordés sans queue ni tête par son auteur. Critiquer défavorablement le livre serait avouer que l’on a détesté cet étalage de jargon, et donc, implicitement, passer pour un crétin.

    Cela fait très longtemps que je n’ai pas été déçu à ce point par un roman, et je lui décernerais bien, pour ma part, le titre de livre le plus pédant de la décennie. Il est probable que cette impression soit encore renforcée par la traduction française, qui laisse sérieusement à désirer. Ceci dit, le roman aligne tellement de termes techniques par phrase, et la narration en est parfois tellement décousue que ça ne devait pas être simple à traduire !

    Pour ceux qui auraient des velléités de découvrir ce roman, quelques exemples au hasard :

    « Le culte des ancêtres prend une signification toute nouvelle quand les vecteurs d’état de tous les précurseurs d’entités filiales sont archivés »… « Un excursion sémiotique incontrôlée est en cours »… »Un réseau classique de compagnies indépendantes, instanciées sous la forme d’automates cellulaires au sein de l’environnement commuté du service juridique de l’Imperium de l’Anneau »…

    Et c’est comme ça sur 500 pages. Dans Accelerando, les personnages ne partent pas à la découverte de l’espace lointain : ils « instancient un spectre dans le carnespace ». Ils ne tombent pas amoureux et font des enfants, mais « fusionnent leurs phénotypes afin de filialiser leurs ADN mitochondrial ». Ils ne changent pas d’avis : ils « réorientent leur vecteur d’état.

    Ad nauseam. En oubliant au passage de construire une véritable histoire.

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