Narcos : la Colombie fantasmée

Narcos, Escobar, Colombie, série TV

SÉRIE TV — En 2015, Netflix a lancé une nouvelle série originale traitant de la désormais légendaire époque du Cartel de Medellin et de son célèbre leader, Pablo Escobar. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le cocktail « éléments historiques romancés et images de documentaire » est explosif.

En bref

Steve Murphy, le narrateur, est un agent de la DEA (Brigade des stups américaine) habitué à courser des hippies au sac à dos rempli d’herbe à travers les rues de Miami. Cependant, au début des années quatre-vingt, les hippies se transforment en trafiquants colombiens armés jusqu’aux dents. Accompagné de sa femme Connie, il s’envole pour Bogota sous couvert de l’ambassade américaine afin de travailler aux côtés de Javier Peña, un autre agent de la DEA. Sur place, il prend vite connaissance des méthodes d’interrogation locales et de la brutale réalité de la situation.

La série nous emmène également sur les traces de Pablo Escobar, de ses débuts en tant que simple contrebandier jusqu’à la formation et l’apogée du Cartel de Medellin ainsi que dans les coulisses de la vie politique du pays.

La Colombie dans le trouble 

Ce magnifique pays d’Amérique Latine traîne encore de nos jours ses vieilles casseroles : le trafic de cocaïne, la guérilla et la corruption. Dans Narcos, ces clichés ne sont pas épargnés et la réalité du pays est décrite de manière claire et informative tout en laissant la place à l’empathie. La série nous montre un pays aux abois, semblant incapable de trouver une solution à ses problèmes, notamment à cause de la corruption rampante qui le pourrit à tous les niveaux de la société. Les quelques personnes honnêtes souhaitant s’opposer à l’ordre établi par les narcotrafiquants sont soit intimidées, assassinées ou noyées dans la masse de ceux dont le sens de la justice s’achète. Le spectateur ressent donc facilement le désespoir du candidat aux présidentielles César Gaviria ou du Colonel Carillo, intrépide policier déterminé à en finir avec les narcos.

Les différentes guérillas sont suggérées, le cœur de l’histoire ne reposant pas sur leurs activités, mais sont suffisamment citées pour que le public se sente plongé dans l’instabilité pathologique de la Colombie.

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Escobar, criminel au charisme royal 

Pablo Escobar est fascinant, intelligent, déterminé et bizarrement sympathique, même attachant. L’acteur brésilien Wagner Moura, qui interprète le baron de la drogue, est brillant dans le rôle de cet homme complexe, devenu, au même titre qu’Al Capone, légendaire. Il n’est pas vraiment beau, il a parfois de bonnes intentions mais commet, au nom de ses idéaux, les pires horreurs et pourtant, tous ceux qui gravitent autour de lui sont sous son charme. Il redistribue son argent aux pauvres, veut aider son pays tout en faisant poser des bombes pour faire taire ses adversaires ou en récompensant les assassins de policiers. Il aime profondément sa femme mais la trompe dès qu’il en a l’occasion. Ce personnage tout en nuances déchaîne les passions. Ceux qui le suivent le voient comme un saint tandis que les autres rêvent de le voir criblé de balles. Narcos le rend sympathique mais n’en fait pas l’apologie, chose très importante. On ne cache pas le côté sombre d’Escobar, sa paranoïa et sa violence, ce qui permet au spectateur de ne pas tomber dans le panneau de l’image de Robin des Bois moderne qui lui a parfois collé à la peau.

Le point faible 

Le choix du narrateur a sans doute été influencé par le public visé, soit les Américains et les Européens. Bien qu’intéressant et bien que la DEA américaine joue un rôle important dans la traque des narcos, l’agent Murphy n’est pas l’élément central de l’histoire. Il est certes plus facile pour nous spectateurs de découvrir le drame colombien à travers les yeux de l’Américain mais ce choix peut être vu comme une petite faiblesse de la série. Les fans de Game of Thrones seront cependant ravis de retrouver l’acteur Pedro Pascal, l’inoubliable Oberyn Martell, dans le rôle de Javier Peña, un costume qu’il endosse à merveille.

La saison 2 est prévue pour 2016. En attendant, ne manquez pas les dix épisodes de la première, Narcos vaut vraiment le détour !

Par Audrey

1 Commentaire

  1. Félicitations pour ce très bon article. Le personnage de Pablo Escobar est très bien décrit et je suis assez d’accord sur le point faible.
    J’ai regardé cette série, par curiosité, après que 2 de mes amies m’en aient parlée quand je leur ai dit que j’allais vivre en Colombie. Je l’ai regardée, ici, dans le pays « fantasmé ». J’ai proposé à mon conjoint (colombien) de la voir ensemble, et je sais qu’il s’est forcé pour le premier épisode, pensant que cette époque du narcotrafic serait mal retranscrite et trop « américanisée ». Et finalement, il a plutôt apprécié. Cela nous a permis de beaucoup échanger sur cette période de l’histoire.
    J’ai trouvé certains personnages attachants comme d’autres complètement répugnants. Regarder Narcos m’a permis de comprendre beaucoup de choses sur les références que les gens autour de moi ont et que moi je n’ai pas: corruption, guérilla, farc, eln, m-19…
    Le + de cette série, basée sur des faits réels, est justement la quantité de faits réels relatés, avec en bonus des images d’archives incorporées tout au long de la série.
    Je crois qu’avec ce grand commentaire on a pu comprendre que j’ai beaucoup aimé cette série et je suis maintenant intriguée de savoir où va nous mener la 2ème saison.

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