Tout n’est pas perdu, un roman psychologique à découvrir chez Sonatine !

Tout n'est pas perdu, Wendy Walker, Sonatine

ROMAN PSYCHOLOGIQUE — Alan est un psychiatre de renom dans une petite ville. Sa spécialité ? Les hommes et les femmes brisés par la vie. Aussi, lorsqu’on lui propose de s’occuper de Jenny, une adolescente violée quelques mois plus tôt, Alan n’hésite pas une seconde. D’autant que le cas de Jenny est particulier : une médication lui a fait oublier tous les détails de ce viol, des détails restés pourtant dans son corps.

Depuis quelques temps, Jenny a des réminiscences de son viol. Il est donc temps de savoir ce qu’il s’est vraiment passé à la sortie de cette soirée, dans les bois. Et pour ce faire, les acteurs et spectateurs du drame vont se succéder dans le cabinet du médecin. Le père de Jenny, sa mère, ses amis… tous vont venir conter leur version des faits pour une vérité qui dépasse tout entendement.

Mais l’inattendu sera bientôt au rendez-vous avec des confessions dépassant tout ce que le psychiatre et le lecteur auraient pu imaginer : une mère cachant un lourd secret, un père en colère, des jeunes qui n’auraient finalement pas tout dit lors des premiers interrogatoires. Le viol de Jenny pourra alors peut-être enfin trouver des réponses même si ces réponses promettent d’être douloureuses pour beaucoup…

Les premières pages du roman donnent le ton : le lecteur n’en saura pas plus, tout au long du roman, que ce que le psychiatre ne saura. Le lecteur se retrouve donc dans la peau du thérapeute ce qui à la fois une position originale et assez difficile car voyeuriste. Si cela peut être le propre du roman, le lecteur pourra avoir ici le sentiment de s’immiscer dans la vie de personnages troublés.

Ici, pas de crime sanguinolent et de criminels odieux. Ici, ce qui est « mis à l’honneur » c’est l’un des crimes les plus affreux et les plus banalisés qui soient : le viol. L’auteur fait d’ailleurs le choix de poser son regard sur le traumatisme de la victime et de sa famille plus que sur la recherche effective du coupable. L’angle original sait alors renouveler le genre et nous immerger dans les sentiments de chacun.

Si la typographie aurait pu être davantage travaillée pour montrer les différences entre la parole du psy et les paroles des différents acteurs du roman, l’auteur sait malgré tout adapter son style pour donner une âme à chacun des personnages ce qui est assez fort. Et, surtout, l’auteur parvient à nous embarquer jusqu’au bout de son roman sans que l’on ne se doute de la fin.

Le style de l’auteur se laisse assez bien suivre même si, finalement, l’ensemble manque peut-être un peu d’action et de rythme ce qui est dommage. L’ambiance est là et le suspens aussi mais il faut beaucoup de temps pour que l’intrigue se mette en place et pour que le lecteur comprenne où l’auteur veut en venir ce qui coupe un peu la qualité de ce roman fort en émotions.

Voici donc un roman qui change un peu des normes au sein du genre et qui remet à sa place l’horreur du viol et des traumatismes pour les victimes et leurs familles. Les rebondissements tiennent quant à eux le lecteur en haleine jusqu’à une fin en apothéose que l’on aura bien du mal à voir venir. Les amateurs du genre devraient apprécier cette lecture.

Il sera bon de s’intéresser de près au film issu du roman dont les droits ont déjà été achetés.

Tout n’est pas perdu, Wendy Walker. Sonatine, mai 2016. Traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau.

Par Ségolène

1 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.