The Crown : dans l’intimité des « royals »

SÉRIES TV — Netflix l’a encore fait, une nouvelle série événement est sortie début novembre sur la désormais célèbre plateforme et, sans surprise, la réussite est au rendez-vous. The Crown a l’ambitieux but de décrire en détail la vie fascinante de la reine Elizabeth II en prenant pour point de départ son mariage au Prince Philip en 1947. La première saison est consacrée au début de son règne, le dernier épisode se déroulant en 1955. Le biopic met en scène les nombreux évènements qui jalonnent la vie de la jeune souveraine comme le décès de son père, le retour de Winston Churchill, les fiançailles scandaleuses de sa sœur cadette ou encore les difficultés de la vie de couple sous le feu des projecteurs et le poids de traditions ancestrales.

the-crown-saison-1-poster-2

Une véritable fresque historique

En plongeant dans la vie quotidienne d’Elizabeth II, The Crown emmène le téléspectateur dans de merveilleuses demeures aux somptueux décors, au cœur de flamboyantes réceptions officielles, aux quatre coins du monde à bord de jets privés ou de bateaux royaux ainsi qu’aux côtés de personnages historiques inoubliables. Ces figures devenues mythiques telles que le roi Edward VIII, ayant abdiqué afin de pouvoir épouser la femme de son choix, le roi George VI, frère d’Edouard et père d’Elizabeth sur qui la responsabilité de la couronne est reportée, le général Nasser, leader de la révolution égyptienne et, bien sûr, l’indétrônable Churchill sont présentées dans leur intimité, leur redonnant une humanité que l’histoire leur avait parfois enlevée. C’est donc un magnifique portrait du monde britannique d’après-guerre que The Crown nous brosse. Il est également question des préoccupations du peuple britannique durant cette cruciale période de reconstruction. Un épisode entier est notamment consacré à la catastrophe environnementale que fut le smog de 1952, qui provoqua par la suite la signature d’un traité d’épuration de l’air. On nous parle également de la chute de l’Empire britannique et de la montée en puissance des États-Unis.

Une couronne lourde à porter

Cependant, ce qui frappe le plus dans The Crown, c’est le poids terrible de la couronne sur la tête des souverains britanniques. D’un point de vue extérieur, cette vie de château que mène Elizabeth aux côtés du beau Philip (mari qu’elle a choisi, malgré le désaccord de nombreux membres de la famille royale et du gouvernement) semble idéale. Pourtant, il est très vite démontré à quel point la position de reine l’isole de sa famille la plus proche comme du reste du monde. Son mari, fier officier de l’armée britannique, élevé en Angleterre mais héritier des familles royales grecques et danoises, se voit obligé de renoncer à ses titres étrangers ainsi qu’à son nom afin d’épouser Elizabeth. Par la suite, il doit accepter que ses enfants portent le nom de famille « Windsor » et doit apprendre à vivre dans l’ombre de sa femme. Pour un homme de cette époque, ayant combattu durant la deuxième Guerre mondiale, devoir littéralement poser un genou à terre devant son épouse lors de son couronnement et la respecter en tant que souveraine est extrêmement difficile.

En plus des tensions à l’intérieur de son mariage, Elizabeth se voit obligée de prendre de terribles décisions concernant sa propre sœur et elle n’a en général pas d’autre choix que de faire exactement ce qui lui est « conseillé » par le gouvernement et son secrétaire personnel.

thecrownnetflix

Elizabeth Regina

La reine n’est pas libre, elle est certainement la personne la plus limitée de l’empire. Elle ne peut pas parler spontanément et doit cacher toute faiblesse aux yeux d’un peuple qui ne la voit que comme Elizabeth II et non pas Elizabeth Mountbatten (le nom de famille de son mari) épouse et mère, simple femme. Comme son oncle le décrit si bien lors du couronnement de sa nièce, Elizabeth n’est plus une jeune femme, elle devient une véritable déesse. Dans la dernière scène du dernier épisode, la souveraine est sur le point d’avoir son portrait fait par un photographe. Elle est donc parée de ses plus beaux atours, dont la si lourde couronne, et le photographe lui dit : « Ne bougez pas, ne respirez pas. Notre déesse à nous, la glorieuse Gloriana. Oubliez Elizabeth Windsor, vous n’êtes plus qu’Elizabeth Regina. »

Par Audrey Moulin

1 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.