Zoom sur l’OVNI Carry On !

FANFICTION — Mais qu’est-ce que c’est que ça ? C’est en substance la première question que je me suis posée quand j’ai entendu parler pour la première fois de Carry On. À la lecture du résumé, effectivement, il y a comme un air de déjà vu. C’est l’histoire d’un orphelin recueilli par un mage, qui va alors suivre sa scolarité dans un internat magique. Il a même une copine super intelligente (coucou Hermione !) et un ennemi juré issu d’une famille très ancienne (salut Malefoy !). Oui, il y a comme qui dirait un air d’Harry Potter.

Mais ce n’est pas anodin. Il faut préciser que Rainbow Rowell, avant d’écrire Carry On, a publié Fangirl, un roman dont l’héroïne est obsédée par un auteur, ce qui permet à Rainbow Rowell d’explorer entre autres le monde méconnu et souvent décrié de la fanfiction. Oui, la fanfiction n’a pas bonne presse, située dans une zone obscure entre hommage flatteur au travail d’un auteur et violation de sa propriété intellectuelle. On imagine ainsi bien volontiers des collégiennes s’essayer à inventer une vie sexuelle à Harry Potter avec tout un tas de personnages, pimenter un peu Twilight (ça a donné Cinquante nuances de Grey après tout) ou se fantasmer une romance avec un des membres des One Direction (le résultat ? After, plus d’un million de ventes en France). Mais il n’y a pas que ça, et effectivement, certains auteurs de fanfic’ ont su tirer leur épingle du jeu. Rainbow Rowell a voulu s’intéresser de près à ce vivier de lecteurs à l’imagination débordante. Et de fil en aiguille, elle en est venue à écrire Carry On, le livre de chevet de l’héroïne de Fangirl.

Voilà donc un peu pour le background de ce texte plutôt insolite. Comme nous vous le disions, Carry On s’intéresse à Simon Snow, un orphelin britannique qui s’avère être également le mage le plus puissant du monde. Au début du roman, Simon s’apprête à faire son ultime rentrée à Watford, son école de magie. Et tout ne se passe pas vraiment comme prévu. Déjà, il y a comme un méga froid avec sa petite copine. Ensuite, le méchant a encore fait des siennes. Et pour finir, son colocataire – et ennemi juré ! – Baz a disparu. Ce qui perturbe grandement notre héros, qui n’a du coup plus personne à contrarier !

Carry On, Rainbow Rowell, PKJ

On entre dans Carry On comme en terrain connu : Rainbow Rowell reprend parfaitement les codes du genre, et les références à Harry Potter sont nombreuses. Le résultat est donc familier au lecteur, qui se sent à son aise dès les premières pages. Mais elle y ajoute un côté loufoque et insouciant qui est le bienvenu, et qui nous immerge encore plus vite dans le bain. Étant donné qu’il s’agit de la dernière année d’école de Simon, le lecteur prend le train en route et n’a donc pas l’occasion de découvrir la magie en même temps que le héros, comme c’était le cas chez JK Rowling. Cela fait beaucoup à assimiler d’un coup, mais on s’y fait très vite. Cela ne nous empêchera pas, en revanche, d’être un poil déstabilisé par le côté « fanfiction » d’Harry Potter. Il faut dire que je suis passée complètement à côté du phénomène à l’adolescence…

Un des fantasmes les plus récurrents en terme de fanfiction sur Harry Potter, d’ailleurs, concerne sa relation avec Drago, à tel point que ces textes ont même un petit surnom bien à eux : Drarry. Rainbow Rowell s’est inspirée de la tendance… Pas besoin d’être devin pour pressentir qu’une romance surgira entre notre héros et sa Némésis. C’est probablement ce que j’ai préféré de tout le roman : la relation de ces deux-là est extrêmement rafraîchissante et entre les baisers échangés et les petites piques mesquines qui fusent, on n’a pas le temps de s’ennuyer !

Il y a probablement trois manières différentes de lire ce roman : comme le livre évoqué par l’héroïne de Fangirl, comme un livre qui rappelle furieusement Harry Potter ou comme une histoire indépendante, libérée de tout background. Si vous choisissez d’appréhender Carry On de cette dernière manière, on apprécierez un roman vif et drôle, avec de la magie et une jolie histoire d’amour. Si vous préférez y traquer les références au garçon qui a survécu, vous verrez peut-être la réalisation d’un de vos fantasmes de lecteur. Quoiqu’il en soit, on conviendra que c’est un roman feel-good, absolument pas prise de tête, qui permet un vrai bon moment de divertissement.

Carry On, Rainbow Rowell. PKJ, 2017. Traduit de l’anglais par Catherine Nabokov.

A propos Emily Costecalde 1036 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

3 Commentaires

    • Pour être honnête, je n’ai lu que Carry On, mais j’ai commandé Fangirl depuis. Il se laisse découvrir totalement sans avoir lu Fangirl, c’est après l’avoir lu que j’ai découvert que Rainbow Rowell en parlait déjà dans un de ses romans précédents.

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