Gabriel Katz a fait une entrée très remarquée dans la fantasy avec sa série Le Puits des Mémoires ; récompensée du Prix Imaginales 2013, nominée à de nombreux autres, la série a conquis de très nombreux lecteurs de tous âges.
La Maîtresse de guerre se déroule dans le même univers que Le Puits des mémoires, mais plus au Sud, et tourne autour de nouveaux personnages – on peut donc les lire indépendamment. Le dernier roman de l’auteur, La Marche du prophète, premier volume de sa nouvelle série Aeternia (toujours dans le même univers) venant de paraître, il est temps de vous parler de son précédent roman : La Maîtresse de guerre.
Kaelyn vit dans un petit village du Nord. Elle est la fille du maître d’armes, et ne rêve que d’une chose : reprendre le flambeau. Kaelyn ne rêve que de ça, et ne vit que pour les armes.
Mais dans un monde d’hommes, la place d’une femme est auprès de son mari, ses enfants… et ses casseroles. Puisque devenir maître d’armes dans le nord est impossible, Kaelyn s’engage dans la gigantesque armée qui recrute des volontaires à tour de bras pour aller « libérer » le sultanat d’Azman, et abolir l’esclavage. Dans la violence et le chaos de la guerre, Kaelyn va acquérir par elle-même ce que personne n’a voulu lui enseigner. Mais Azman va bouleverser son destin bien au-delà de ses attentes.
La Maîtresse de guerre est un roman de fantasy classique, mais bien troussé. A vrai dire, l’intrigue est même plutôt banale, et ne surprend guère dans ses développements… De plus, les protagonistes, Kaelyn et Hadrian, sont assez froids et lisses. Difficile de s’y attacher, alors même que l’on se passionne pour leurs aventures. En fait, pour qui a lu et apprécié la série précédente, ce one-shot manque un peu de piquant.
Et pourtant… on le lit d’une traite ! D’une part parce que, si Kaelyn et Hadrian n’incitent pas vraiment à la sympathie, les personnages secondaires, eux, sont nettement plus consistants, et on s’y attache rapidement.
De plus, l’univers est extrêmement consistant. On retrouve peu d’accointances avec celui découvert dans Le Puits des Mémoires – hormis quelques noms qui reviennent ici ou là – mais la découverte est tout aussi passionnante. On débute l’histoire avec l’idée que le sultanat d’Azman n’est qu’un ramassis de barbares incultes… et finalement, il s’avère assez rapidement que ce n’est pas le cas et, pire, que les barbares incultes sont peut-être ceux de l’autre bord. La découverte se fait par les yeux de Kaelyn qui, dans ses pérégrinations, aura l’occasion de côtoyer toutes les sphères de la société et de découvrir l’étendue de ses préjugés et croyances ineptes. Comme elle côtoie toutes sortes de personnes, on apprend une foule de choses sur cet univers : là une légende, ici les réalités d’un métier, là encore une coutume… C’est d’une richesse incroyable !
Mais surtout, ce qui rend La Maîtresse de guerre si prenant, c’est la façon dont il est écrit. Gabriel Katz s’y connaît en matières de scénarios et cela se sent. La narration est menée de main de maître : descriptions, scènes d’actions, suspens intense, instants d’émotion, petites touches d’humour, tout s’équilibre et tombe pile au bon moment.
Du coup, on est littéralement entraîné dans cette mécanique, et on oublie rapidement les petites récriminations quant au classicisme du scénario. Et on l’oublie d’autant plus vite que, bien souvent, Gabriel Katz sort complètement des sentiers battus d’un scénario attendu en plaçant des rebondissements inattendus ou des retournements surprenants ! L’auteur se joue des clichés de la fantasy, et c’est bien agréable. Enfin, le livre n’oublie pas une bonne dose d’humour ; c’est certainement moins hilarant que Le Puits des mémoires, mais La Maîtresse de guerre prête souvent à sourire.
Malgré plein de points fort déplorables, La Maîtresse de guerre est un excellent opus ! Paradoxal !
Que vous soyez déjà un inconditionnel de l’auteur ou non, notez ce titre. C’est un bon roman de fantasy, et c’est surtout un livre tellement palpitant qu’on a du mal à le lâcher !
Un roman sympathique, mais que je ne vais pas garder en mémoire forcément très longtemps. Une bonne lecture quand même 🙂