L’Arche spatiale : excursion en space-opéra

SCIENCE-FICTION — Peter F. Hamilton est un écrivain anglais de science-fiction, connu pour ses nombreuses œuvres de space-opéra. Et le voici qui revient avec une nouvelle trilogie du genre, L’Arche spatiale, dont le premier tome, Une brèche dans le ciel, vient tout juste d’être traduit en français.

Hazel, seize ans, vit à bord du Daedalus, une arche spatiale partie de la Terre depuis 500 ans, à la recherche d’un nouveau monde. Mais depuis la Mutinerie, des siècles plus tôt, qui a abouti en un conflit dévastateur, les machines de bord ne pourvoient plus aux besoins des passagers. Du fait des ressources limitées, tout le contenu de l’habitat doit être Cyclé, y compris les êtres humains qui, à l’âge de soixante-cinq ans, sont condamnés pour le bien commun.
Lorsque Frazer, son petit frère, subit un accident paralysant et se voit menacé d’être Cyclé à son tour, en tant que bouche inutile, Hazel prend la fuite avec lui pour rejoindre les Tricheurs, des rebelles qui refusent le Cyclage et sont retournés vivre cachés dans les tours-montagnes, les habitats initiaux du vaisseau. Or, elle y découvre que le Daedalus a été endommagé et que l’air s’échappe doucement mais très sûrement dans l’espace. À un rythme leur laissant moins de deux ans à vivre. Cerise sur le gâteau : l’histoire des cinq derniers siècles sur l’arche n’est peut-être pas tout à fait véridique…

Le début du roman est assez étonnant : il nous dépeint la vie d’Hazel, dans le petit village d’Ixia, constitué de huttes sommaires, et centré sur une activité économique restreinte, mais qui rappelle vraiment le fonctionnement des petites campagnes dans une époque terrestre reculée. Les habitants sont assignés à des tâches (ramasser les œufs, nettoyer le poulailler, préparer le pain pour le village, travailler à l’atelier de menuiserie) et la vie s’écoule selon une petite routine tranquille. Au point que l’on se demande s’ils sont bien à bord d’un vaisseau !
La raison s’en explique un peu plus tard : suite au conflit nommé la Mutinerie, les conditions de vie se sont méchamment détériorées et les passagers sont effectivement revenus à un mode de vie qui ressemble à s’y méprendre à celui de la campagne au XXe siècle.
Le soupçon du mensonge sur l’état de l’habitat arrive, quant à lui, assez vite, avant même le fatal accident de Frazer, ce qui introduit d’emblée une agréable tension dans le récit. Tension qui ne fait qu’augmenter puisque, les péripéties passant, on comprend assez vite que danger vital il y a bien, et mensonge ancré aussi !

De fait, l’essentiel du récit consiste en une course-poursuite entre Hazel, ses amis Tricheurs, et les régulateurs, la milice locale, menée par le frère d’un ex-petit-ami revanchard d’Hazel. L’ensemble est donc assez rythmé, d’autant qu’Hazel ne tarde pas à mettre la main sur une très vieille IA toujours fonctionnelle, qui va leur révéler des informations capitales en temps et en heure – ce qui assure un bon enchaînement des péripéties.
Parallèlement, on suit les heurs et malheurs des histoires personnelles (et de cœur) de la plupart des personnages, les protagonistes étant majoritairement des adolescents – ce qui, parfois, prend le pas sur le récit de survie proprement dit.

Cet angle adolescent se ressent aussi dans l’écriture : si le récit est mené au passé simple, c’est Hazel qui en est la narratrice, et elle s’exprime dans un style relâché, décrivant leurs actions en usant (et abusant) du pronom personnel “On” – qui peut à la longue s’avérer un brin agaçant.

Malgré quelques facilités scénaristiques, ce premier tome de L’Arche spatiale propose un intéressant récit de science-fiction, à la frontière entre space-opéra et survie dans un huis-clos. L’aspect technique peu présent (puisque le mode de vie des personnages a fortement régressé), le style décontracté et l’âge des protagonistes rendent ce roman très accessible (y compris à des adolescents !). Le tome 2 est prévu assez rapidement dans l’année !

L’Arche spatiale, tome 1 : Une brèche dans le ciel, Peter F. Hamilton. Traduit de l’anglais par Sébastien Baert. Bragelonne, juin 2023, 350 p. 

A propos Oihana 711 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

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