Assommons les pauvres : un titre énigmatique, tout droit sorti d’un poème en prose de Baudelaire. C’est également un roman qui paraîtra le 25 août aux éditions de l’Olivier, un roman étrange et étonnant.
Nous rentrons dans l’action in media res et, à partir de quelques éléments, on reconstitue à peu près la situation : une femme est en cellule, pour avoir fracassé une bouteille sur la tête d’un homme, comme ça. Face à elle, un homme, monsieur K, essaie de percer sa motivation.
C’est un roman fluide, dans le sens où l’on suit le courant de pensée de l’héroïne, une femme dont l’on sait assez peu de chose, et que l’on essaie de cerner grâce aux maigres informations que l’on glane par-ci, par –là. Notre héroïne est donc une femme, vraisemblablement indienne, devenue interprète après avoir franchi la « barrière » et s’être occidentalisée. Une femme donc, qui fut prête à renier son peuple, tous liens qu’elle avait avec lui, pour fuir la misère, sa culture. Ironie du sort donc, pour cette étrangère, qui tourne le dos à ses compatriotes, en gagnant sa vie auprès des demandeurs d’asile, en perçant leurs mensonges, en contribuant parfois à les renvoyer dans leur pays. Le rôle qu’elle joue n’est pas facile car elle devient étrangère des deux côtés à la fois : son soucis de s’occidentaliser l’a éloignée de ses compatriotes, pourtant elle reste issue du même pays qu’eux. Un paradoxe sur lequel se base son mal-être, qui se matérialise finalement sur ce déchaînement de violence, sur cette bouteille fracassée sur la tête d’un homme, d’un immigré.
Récit authentique et touchant, ce roman alterne entre les souvenirs de l’héroïne, et l’interrogatoire que mène monsieur K . Le résultat est un récit assez flou, où le lecteur doit venir chercher l’information, et où il est obligé de s’immerger dans un univers qu’il ne connait pas, à la fois celui de l’immigration, mais également celui du pays d’origine de l’héroïne, qui se dévoile par bribes et par tableaux. Bien qu’enrichissant, c’est quelque peu déroutant. Résultat, l’on sort de cette lecture, assez indécis : l’on aurait souhaité ce roman moins abstrait, et plus long, pour qui est friand d’histoires et d’action. Si ce n’est pas le cas, vous trouverez ce roman parfaitement agencé. J’ai globalement aimé ce livre, mais je ne suis pas sûre qu’il m’aura fait une forte impression à long terme, même si tous les ingrédients sont réunis pour.
J’ai lu ce livre dans le cadre de l’opération de rentrée littéraire Libfly/ Furet du Nord et ce fut une découverte très agréable. Merci à Lucie et à son équipe !
Il a l’air intéressant ce récit, je me le note. Merci pour cette belle critique. Bonne soirée.
Je l’ai également reçu, mais pas encore lu. Du coup je n’ai pas lu ton billet; mais je le note en favoris pour repasser plus tard.
Je lis déjà beaucoup de bien de ce livre un peu partout. Je vais peut-être le lire, du coup.