FANTASY URBAINE — C’est avec beaucoup d’émotion que nous attaquons cette chronique, qui intervient après la triste annonce de la fermeture des éditions ActuSF. Alors savourons encore plus fort leurs dernières publications, et notamment le tome 2 de La Brigade du Surnaturel, dont nous vous parlons aujourd’hui. L’occasion de retrouver Claire et Keziah, notre binôme humaine-démon préféré.
Mais si le duo fête ses retrouvailles, ce n’est pas entre des draps blancs, mais au beau milieu d’un bain de sang… Car les sept plaies de l’Enfer se déchaînent sur le monde depuis que la clé du Jardin des Hespérides a disparu et que l’équilibre est rompu. En plus de tout ça, Satan vient de jouer un magistral coup de poker : il révèle en direct à la télévision l’existence jusque-là ultra-secrète des Surnaturels ! Désormais, l’Humanité découvre non seulement qu’elle n’est pas seule, mais aussi que la fin des temps est une course contre la montre qui ne tient qu’à une petite clé volée… Mais par qui ? Et surtout, pourquoi ?
Claire et Keziah, réunis pour l’occasion au sein de la toute nouvelle brigade du « Programme Inter Espèces », sont les deux limiers chargés de faire le ménage et de ramener la clé… À moins que leur duo passionnel et électrique ne crée plus de chaos que l’Enfer lui-même n’aurait engendré… !
D’ailleurs, Claire et Keziah sont un peu en froid, après le coup bas de ce dernier au premier tome. Même si la tension sexuelle entre les deux est toujours là, ça calme d’entrée de jeu les ardeurs de tout le monde. Mais ça leur permet aussi de se dévoiler plus en profondeur et de mieux comprendre les enjeux de leur relation : exit les clichés sur la romance dans la bit-lit, ce titre est vraiment plus centré sur de l’urban fantasy ! Et puis il faut dire qu’entre les révélations fracassantes de Lucifer au monde des mortels et les dix plaies d’Égypte qui s’abattent sur le monde comme autant de métaphores du réchauffement climatique, le binôme a fort à faire.
Dans ce second opus, Floriane Impala nous propose un petit twist en envoyant Claire et Keziah chercher la clef volée dans le passé, et plus précisément dans le Paris des années 20. En plein dans les années folles ! Folles et frénétiques d’ailleurs, et c’est ce qui fait tout le sel de ce tome et lui permet de se renouveler sans jamais lasser. On y découvre ainsi la misère qui se cache derrière l’effervescence de l’après-guerre. Puisque les femmes ont involontairement gouté à l’indépendance lorsque les hommes étaient au front, elles souhaitent désormais compter dans la société et sont donc bien représentées parmi les personnages, humaines comme démones. Pas forcément en haut de l’échelle, mais c’est la société qui veut ça, malgré un féminisme avant-gardiste bien pensé ! La conséquence directe de tout ça ? C’est que la romance passe habilement à l’arrière-plan pour laisser plus de place à l’univers, qui est une fois de plus solide et bien construit. Les dieux de toutes les mythologies sont au rendez-vous, dans des métiers ou des rôles parfois surprenants, mais qui fonctionnent plutôt bien, comme le Minotaure videur de boîte de nuit et le dieu hindou proxénète …
Floriane Impala nous offre un tome 2 magistral, encore plus prenant que le précédent. Son style inimitable, ses répliques acérées et son rythme à cent à l’heure sauront vous plonger dans cet univers décalé. Si on qualifie volontiers l’écriture de l’autrice de malicieuse, le cliffhanger de la fin est quant à lui diabolique ! En espérant pouvoir retrouver très vite la plume explosive de Floriane Impala.
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