SCIENCE-FICTION — Remis sur le devant de la scène grâce à la sortie en salles de son adaptation, le roman d’Ernest Cline vaut amplement qu’on s’y arrête indépendamment du film de Spielberg. Car, il faut l’avouer, c’est un excellent divertissement, riche en références aux années 80. Retour vers le futur II l’avait prédit : dans les années 2010, on a un regain d’intérêt pour cette décennie déjà presque lointaine, aussi Player One ne peut que parler à notre petit coeur…
Même si vous n’êtes pas gamer, c’est promis. En effet, le roman est connu pour ses très nombreux clins d’oeil à de non moins nombreux jeux vidéos : en réalité, c’est même le socle sur lequel est construit l’intrigue. Dans une réalité future où tout le monde s’immerge dans l’Oasis (qui a pris le relai d’Internet, des réseaux sociaux, des jeux et même de l’école), de nombreux joueurs cherchent désespérément l’oeuf d’Hallyday (pas Johnny… un autre !) au terme d’une quête épique. Si vous trouvez l’oeuf, vous détiendrez les droits de l’Oasis et beaucoup, beaucoup d’argent. Pour trouver ce trésor incroyable, il faut s’immerger dans les passions d’Hallyday, toutes profondément ancrées dans les 80’s : jeux vidéos rétros, films devenus cultes, chansons entendues encore et encore… Tout cela forme un véritable écrin pour la quête à l’oeuf, menée par notre narrateur, le jeune Wade. Quand bien même on ne saisit pas toutes les références, Ernest Cline prend le temps de les expliciter plutôt que de les semer de manière obscure : promis, on n’est jamais largué.
Et puis bien sûr, il y a l’aventure en soi, la chasse aux trésors : suspense et adrénaline garantis. Aux côtés de Wade, on écume l’Oasis, cette idée absolument géniale mise en scène par Ernest Cline : oui, il fallait oser imaginer le futur d’Internet d’ici une trentaine d’année. Et Ernest Cline ne se contente pas de révolutionner le virtuel. En quelques descriptions bien senties, il dépeint un monde moribond, où les gens ont faim, s’empilent dans des mobil-homes, ne peuvent plus bouger, faute de pétrole et où la vie en ligne prend de fait une importance démesurée : on y fuit le quotidien, on comble les lacunes de la vraie vie. En ligne, pourvu que l’on ait un peu d’argent, on peut être qui l’on veut : changer d’apparence, de couleur de peau, de sexe, voire même quitter l’humanité pour devenir un elfe ou un troll. On peut piloter une DeLorean volante, écumer la Comté, visiter l’Étoile noire, Gotham ou Narnia. Tout est possible. L’idée même suffit à donner le vertige. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que l’humanité de 2045 préfère le confort de l’Oasis aux frustrations et humiliations de la vraie vie. Pourtant, le message du livre n’est pas un ode au virtuel. N’oubliez pas : il n’y a que dans la réalité que vous pourrez goûter aux charmes d’un bon petit dîner… ou d’un baiser.
Dans Player One, on trouve donc de l’aventure, des références pop-culture à tout va et une description un brin acerbe d’un futur potentiel : on ne boude donc pas notre plaisir à la lecture de ce petit bijou geek, qui ravira les gamers, certes… Mais pas que !
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