THRILLER HISTORIQUE — Née en Corée du Sud, June Hur a étudié l’histoire et la littérature à l’université de Toronto et travaillé dans le réseau de bibliothèques publiques. Ses romans, adressés à un public young-adult et souvent sur fond historique, ont reçu de nombreux prix. On parle aujourd’hui du dernier de ses romans traduits en français : La Forêt des disparues.
Corée, XVe siècle. Sans nouvelles de son père, parti enquêter un an plus tôt à Jeju, Hwani décide de se lancer à sa recherche. Mais sur l’île de son enfance, c’est le cadavre d’une fille qu’elle découvre. Plus troublant encore, cette mort serait liée aux disparitions de treize autres jeunes femmes survenues dans les années précédentes…
Hwani en est certaine : si elle veut retrouver son père, elle doit résoudre cette énigme. Pour cela, elle n’a d’autre choix que de s’allier à sa petite sœur, perdue de vue voilà des années et réticente à l’aider. Ensemble, elles vont devoir faire face à des souvenirs depuis longtemps enfouis… Et si la clé de tous ces secrets se trouvait dans la mystérieuse forêt qui hante leur passé ?
La Forêt des disparues nous offre une plongée dans la Corée du XVe siècle qui, à l’époque, est un vassal de la Chine portée par la dynastie Ming. Et il est bon de garder ce détail en tête car, hormis les mentions de moyens de transport (beaucoup de trajets à pied ou à cheval) ou quelques allusions à l’organisation de la société, l’intrigue est incroyablement moderne !
Le récit, mené à la première personne par Hwani, une jeune adulte de presque dix-neuf ans, est entièrement centré sur son enquête. Elle cherche à retrouver son père, enquêteur de renom et dont elle est sans nouvelles depuis un an. Pour ce faire, elle pense devoir résoudre l’affaire sur laquelle il travaillait, à savoir les disparitions répétées de jeunes femmes sur l’île. Disparitions auxquelles sa sœur et elle semblent liées puisque, lorsqu’elles étaient enfants, elles se sont perdues dans la forêt et ont été retrouvées aux côtés du cadavre… d’une des disparues. Or, justement, la communication entre les deux sœurs est très difficile depuis que l’aînée est partie vivre sur le continent.
Les différents enjeux de l’intrigue se croisent à merveille et permettent de faire monter doucement mais sûrement la tension. Au fil de son enquête assez solitaire, Hwani en vient à suspecter différentes personnes, quitte à se mettre en danger ou à mettre en danger la relation qu’elle renoue précautionneusement avec sa petite sœur. Leur lien est vraiment au centre du récit et il arrive un moment où l’on est presque plus passionné par cet aspect que par l’enquête proprement dite !
Celle-ci aborde des thèmes forts comme la place des femmes dans la société, avec des problématiques et des enjeux qui s’avèrent très actuels, sans toutefois copier ceux d’aujourd’hui. En effet, les éléments du récit se fondent sur une réalité historique, tout comme les disparités de traitement des femmes dans la société coréenne de l’époque. Entre cela et le ton moderne de l’intrigue (qui ne s’éloigne toutefois pas du contexte historique de l’époque !), on a presque l’impression de lire l’histoire de deux jeunes filles d’aujourd’hui embarquées dans une enquête ardue.
En somme, June Hur nous embarque dans une enquête rondement et fermement menée. Le rythme est présent de bout en bout, tout comme la tension, qui ne fait que monter crescendo jusqu’à l’explosif final ! Au-delà de l’enquête très prenante et aux enjeux qui résonnent avec l’actualité, elle décrit une relation très touchante entre deux sœurs qui fait tout le sel du récit !
Soyez le premier à commenter