Le Livre d’Ève : entre roman historique et roman fantastique

FANTASTIQUE HISTORIQUE — Meg Clothier est une autrice britannique qui a étudié les lettres classiques à Cambridge. Après avoir exercé comme journaliste à Londres et à Moscou, elle est aujourd’hui autrice. On vous présente aujourd’hui son troisième roman, Le Livre d’Ève.

Au crépuscule du Moyen-Âge, Beatrice est bibliothécaire dans un couvent retiré au fin fond de l’Italie. Elle a toujours fui la compagnie de ses sœurs, ne trouvant le réconfort que dans la lecture de ses manuscrits. Mais sa vie bascule lorsqu’une nuit, deux femmes, grièvement blessées, se présentent aux grilles du couvent en implorant l’aide des sœurs. Avant de mourir, l’une d’elles place un objet entre les mains de Beatrice : un livre ensorcelant dont les pages prennent dangereusement vie. Or les hommes qui régissent la vie de toute femme en ce lieu sont prêts à tout pour s’en emparer et le détruire. Entre sauver la vie de ses sœurs ou protéger ce trésor : Beatrice doit faire un choix.

Impossible de ne pas craquer sur cette magnifique couverture, qui est de celles qui font s’arrêter sur un ouvrage. Ni sobre ni exubérante, elle n’est pas sans rappeler les livres anciens et les carnets d’herboristerie, avec peut-être un léger penchant ésotérique.

Malgré ces bons auspices, l’alchimie n’aura pas fonctionné … Si le début est plutôt lent et prend bien son temps pour poser les bases, c’est après le premier tiers que les choses se compliquent. À partir de là, l’histoire qui se complexifie avec l’arrivée du surnaturel devient plus brouillonne, les personnages (quasiment tous féminins) se multiplient sans bien se démarquer les unes des autres et la narration à la première personne laisse de grands pans d’ombre qui ne facilitent pas la compréhension globale. Mais cela permet de garder du mystère !

Malgré ces bémols, on peut souligner le soin apporté à l’atmosphère, le point fort de ce livre. L’autrice nous décrit ainsi le quotidien d’un couvent italien exclusivement féminin au cœur du Moyen-Âge, sans tomber dans les clichés (largement démontés par les historiens) associés à l’époque. On n’évite toutefois pas la comparaison avec Le nom de la rose d’Umberto Eco, qui dépeint également une fresque médiévale sur fond de religion avec le succès qu’on lui connaît. À ceci près que l’on suit ici une consœurie et que l’intrigue tourne autour d’un mystérieux ouvrage plutôt que d’un meurtre. Encore que …

Meg Clothier aborde également le thème fort de la place des femmes dans une société qui les méprise, en regard du patriarcat très fort imposé par une religion omniprésente. Ce thème à lui seul pourra donc convaincre les lecteurs et les lectrices qui cherchent des livres sur le sujet, ici en combinaison avec le fantastique et l’historique.

Le Livre d’Ève aura malheureusement laissé une impression en demi-teinte. Cela reste un roman à découvrir, si vous aimez le féminisme, le fantastique et que vous n’avez pas peur de vous accrocher un peu !

Le Livre d’Ève, de Meg Clothier. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Odile Carton. Hauteville, juin 2023.

 

Par Coralie.

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