Ou ce que vous voudrez : fantasy, Renaissance et arts !

FANTASY — Jo Walton fait partie des grands noms des littératures de l’imaginaire, puisqu’elle a remporté de nombreux prix, parmi lesquels le Prix Hugo, le prix Nebula, le British Fantasy du meilleur roman, ou encore le Prix World Fantasy. Avec une dizaine de titres à son actif, c’est désormais une vieille routarde de la sphère SFFF. Aujourd’hui on se penche sur son dernier titre en date : Ou ce que vous voudrez.

À soixante-treize ans, Sylvia Harrison est une autrice à succès ayant déjà publié plus d’une trentaine de romans. Le prochain se déroulera à Thalia, une cité qui ressemble beaucoup à Florence et qu’elle a imaginée pour la trilogie qui a lancé sa carrière. Afin de nourrir son inspiration, elle se rend en Italie et va, une nouvelle fois, faire appel à lui.
Lui ? Il apparaît dans presque tous ses romans. Il a été dragon, voleur, guerrier et même dieu. Il est celui grâce à qui Sylvia a créé ses personnages les plus marquants. Celui à qui elle parle en son for intérieur depuis des décennies. Celui qui l’a sauvée, qu’elle a chassé, qu’elle a accueilli de nouveau. Celui qui s’éteindra avec elle, lorsqu’elle décédera. S’éteindre ? Ça, il ne peut pas l’accepter.

Le livre s’ouvre sur un chapitre narré par ce fameux lui, un personnage difficile à définir. Le chapitre suivant, lui, nous entraîne dans l’ouverture d’un roman de fantasy, avec univers imaginaire et tout ce qu’on attend de ce type de récit. Puis retour au personnage-muse… et ainsi se succèdent les chapitres, sans toutefois respecter la stricte alternance. Se suivent donc des chapitres dans lesquels ce mystérieux narrateur nous raconte par petites tranches la vie de Sylvia, présente ou passée, y compris dans les détails les plus intimes, et des chapitres déroulant une intrigue de fantasy en bonne et due forme dans un univers imaginaire (mais fortement empreint de la renaissance et de la patte shakespearienne !). Univers imaginaire dont il est évidemment beaucoup question dans la partie réaliste, puisqu’il sort tout droit de l’esprit de Sylvia et du narrateur, sans que ce soit trop difficile à suivre, les deux univers étant bien différents l’un de l’autre.

La partie plus réaliste, qui se déroule majoritairement à Florence, ressemble à une lettre d’amour adressée à la cité et à la culture italienne : elle donne envie de s’y rendre sur le champ, de flâner dans les rues, d’aller au musée et de goûter à la cuisine locale !
Parallèlement, entre deux confidences sur la vie de Sylvia et descriptions de la cité, le roman propose une vaste et belle réflexion sur la création, notamment en art et en littérature, s’intéressant aux liens entre l’expérience personnelle et la capacité de tout un chacun à créer, mais aussi sur les mécaniques qui sous-tendent la création. Et c’est passionnant !
D’autant que la littérature de l’imaginaire est, elle aussi, à l’honneur. Sylvia étant connue dans ce genre, les réflexions portant sur la création touchent aussi à ces sphères littéraires. Mais ce n’est pas tout ! De nombreux romans sont évoqués, analysés, critiqués, ce qui donne particulièrement envie d’aller jeter un œil aux titres mentionnés !

Au final, c’est un roman difficilement classable que signe Jo Walton, dont on ne sait si c’est la fantasy qui y prévaut, ou la réflexion profonde sur la création et les arts. Sans doute un savant mélange des deux, ce qui fait justement tout son sel !

Ou ce que vous voudrez, Jo Walton. Traduit de l’anglais par Florence Dolisi. Denoël (Lunes d’Encre), 7 septembre. 

A propos Oihana 710 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.