Jane Thynne est écrivain et journaliste ; passionnée par les romans historiques, elle débute avec Les Roses noires les aventures de l’actrice et espionne Clara Vine, dans les années 30.
Clara Vine, 26 ans, est actrice. Mais à Londres, elle a du mal à trouver un contrat. Lorsqu’un de ses amis lui parle d’un réalisateur à Berlin, Clara n’hésite pas. Elle file en Allemagne.
Nous sommes en 1933.
A Berlin, elle découvre les studios mythiques de l’Ufa avec émerveillement. Mais l’heure n’est pas à la fête : les nazis prennent peu à peu le pouvoir, et établissent des lois de plus en plus drastiques. Les studios se sont vidés de leurs acteurs, réalisateurs, et techniciens juifs lorsqu’arrivent les premières lois leur interdisant désormais de travailler.
Clara est abattue : le réalisateur qu’on lui avait indiqué est aux abonnés absents. Et Magda Goebbels lui propose un poste au sein du bureau de la mode allemande. Clara n’est pas très enthousiaste, mais accepte en attendant de trouver mieux. Or, elle se retrouve rapidement coincée parmi les femmes de hauts dirigeants nazis, à compulser des croquis d’une laideur inégalable, et à écouter leurs petits ragots insignifiants. Dans les petits papiers de ce cercle très fermé, Clara est une recrue de choix pour les services de renseignements étrangers. Et Leo Quinn, agent britannique sous couverture, ne s’y trompe pas. Il recrute bientôt Clara, qui va mettre ses talents d’actrice au service du jeune homme… et déterrer rapidement des secrets qui vont la faire douter du bien-fondé de ses choix…
Ce premier volume des aventures de Clara Vine est extrêmement réussi !
Tout d’abord, on plonge dans un roman au contexte riche, dense, et bien remis : on ressent parfaitement l’effervescence de Berlin, et on perçoit sans problème l’ombre de danger qui plane sur la ville : le climat est légèrement oppressant, et on perçoit fort bien l’angoisse latente qui couve.
Sur les pas de Clara Vine, on découvre les arcanes du cinéma allemand des années 30, mais aussi de l’ensemble de la vie culturelle : l’art est régulièrement évoqué, notamment la mode, au travers du bureau de la mode allemande, chargé de dresser l’image idéale de la femme aryenne, à grands renforts de tissus aux teintes ternes, carreaux et dirndl revisités. Paradoxal, quand ces mêmes femmes chargées du bureau sont littéralement accros à la haute couture française et aux cosmétiques prohibés par les nazis. Le décalage entre le sujet éminemment dramatique, et ces préoccupations nettement plus frivoles, fonctionne à merveille. On imagine sans peine la coexistence entre cette ambiance survoltée, le danger à tous les coins de rue, et ces discussions policées autour de la mode.
Jane Thynne dresse des portraits de femmes extraordinairement normales : elles vivent leurs vies, se racontent des potins, jalousent les maîtresses de leurs maris… mais approuvent leurs plans monstrueux sans réellement se poser de questions. Les portraits sont complexes, finement menés : on ne sait plus si on doit les abhorrer, ou compatir sincèrement à leurs existences.
Les maris, en revanche, laissent peu de place au doute : Goebbels, Goëring, ou même Hitler, tous sont terrifiants – particulièrement Müller, le militaire qui a des vues sur Clara. Pourtant, on ne ressent pas le moindre manichéisme dans le roman ! Finalement, c’est même assez déroutant, car l’auteur montre avec beaucoup de talent comment le nazisme s’est tranquillement installé, et comment peu de gens se sont élevés contre ces idées ; en détaillant le contexte, on comprend à quel point la plupart des idées prônées par le parti en 1933 ont semblé tomber sous le sens à la majorité. Et c’est déroutant de voir à quel point les membres du parti et leurs proches sont, finalement, des gens lambda, que l’on pourrait côtoyer facilement. Terrifiant.
Rapidement, on plonge dans un roman d’espionnage de la meilleure facture : Clara est véritablement une héroïne, et prend les risques les plus insensés. L’histoire est palpitante, on s’angoisse, on se passionne pour les péripéties. Malgré un contexte extrêmement riche et détaillé, le roman ne souffre d’aucune longueur : c’est tout bonnement excellent. De plus, le style est fluide, et on avale les pages sans même s’en rendre compte. A tel point que l’on referme le livre avec un petit soupir de dépit, à l’idée qu’il est déjà terminé.
Les Roses noires est donc un excellent roman d’aventure mêlant espionnage et fiction historique. L’intrigue est complexe, l’ambiance magistrale, et les personnages très forts. On attend la suite avec beaucoup d’impatience !
Ça fait un moment qu’il me fait de l’œil au travail, je suis vraiment plus que tentée !
J’ai très envie de découvrir ce livre, il a l’air extrêmement intéressant !