Le dernier pape de Luis Miguel Rocha est un best-seller : traduite dans plus de 20 langues, la série arrive aussi en France, alors que l’auteur est tragiquement décédé le mois dernier.
28 septembre 1978 : le monde apprend avec stupeur le décès de Jean-Paul Ier, retrouvé mort dans son lit, seulement 33 jours après son élection. Or, jusque-là, jamais un Pape n’était décédé sans témoins. Summum de la bizarrerie, le Vatican ordonne que le corps soit embaumé dans les 24 heures, ne respectant pas le protocole et empêche, de facto, toute autopsie. Le fait que la garde avait été, ce soir-là, particulièrement défaillante ne fait qu’ajouter du mystère.
En 2006, alors qu’elle regagne Londres après des vacances dans sa famille, la journaliste portugaise Sarah Monteiro est très loin de penser aux troubles circonstances de la mort de Jean-Paul Ier. Alors qu’elle vient de découvrir au courrier une lettre contenant une liste de noms, dont celui de son propre père et d’un premier ministre, elle subit une première agression, et est sauvée par un ange gardien invisible. Dirigée par son militaire de père toujours au Portugal, elle se livre à l’énigmatique Rafael, son protecteur attitré, sorte de super agent secret double, aux talents multiples. Alors que le monde entier croit qu’elle est une dangereuse tueuse en série, Sarah échappe aux attaques d’une loge maçonnique revancharde, et aux assauts de la CIA. Elle était loin d’imaginer le complot dissimulé par cette simple liste de noms… et encore plus loin de penser que Jean-Paul Ier n’était peut-être pas mort aussi tranquillement qu’on voulait bien le faire croire !
Amateurs de thrillers ésotériques, à vos marques ! Avec Le Dernier pape, Luis Miguel Rocha concurrence les grands noms du genre, et n’a pas à rougir !
Comme le promet le résumé, l’enquête est l’occasion de remuer les sombres secrets qui lient Vatican, loges insoupçonnées, et agents doubles – voire triples.
Là-dedans, Sarah tente de démêler l’imbroglio inextricable qui l’a jeté au centre du maelström, secondée par un Rafael aussi énigmatique que brutal. Difficile de savoir, au premier abord, qui joue pour qui : l’ambiguïté des personnages est, au départ, savamment maintenue. A mesure que les masques tombent, on situe mieux nos protagonistes, seuls au milieu du chaos savamment entretenu par leurs opposants. Évêques véreux, agents secrets corrompus… il reste, heureusement, quelques alliés épisodiques vers qui se tourner, sans quoi on ne serait pas loin de croire que l’ensemble de la curie a comploté contre l’infortuné pape.
L’auteur insère suffisamment de références à l’histoire avérée ou aux techniques d’espionnage pour donner au roman un agréable vernis réaliste. La traque, mêlée d’énigmes vaticanes, est très prenante, et plutôt variée : de Londres aux États-Unis en passant par le Portugal, on ne s’ennuie vraiment pas. On regrettera toutefois que la narration se fasse au présent, ce qui rend le récit parfois un peu plat et le style parfois un peu lourd.
Malgré un sujet classique – voire éculé ! – Luis Miguel Rocha esquive habilement les clichés du genre, proposant même quelques péripéties et révélations particulièrement surprenantes !
L’histoire propose un récit complet, ce qui n’est pas désagréable ; le roman s’achève sur une double révélation : la première laisse le lecteur pantois ! La seconde, quant à elle, relance la piste des complots vaticans, et prépare l’histoire du second volume, à paraître chez L’Aube noire.
En définitive, Le Dernier Pape est un thriller ésotérique de bonne qualité : malgré un style parfois un peu lourd, l’enquête est suffisamment prenante pour que l’on ne s’ennuie pas et évite même les clichés inhérents au genre, ce qui change agréablement des autres romans du même style ! Espérons que la suite sera à l’avenant !
le thème me tente bien.
« Le dernier pape » était déjà le titre d’un excellent roman, puissamment documenté, de Gabriel Véraldi et Jacques Paternot, publié à la fin des années 1990 aux éditions L’Age d’Homme. L’idée était alors qu’un pape venu d’Amérique du Sud (si je me souviens bien) renonce à sa fonction de pape et se contente de celle d’évêque de Rome, laissant le siège de Saint-Pierre vacant de facto.