Une couronne d’os et d’épines : entre jolie découverte et petits bémols

FANTASY — Finaliste du PLIB 2022, Une couronne d’os et d’épines aura su faire parler de lui. Autant plébiscité que décrié, ce qui est sûr, c’est que ce roman ne laisse personne indifférent. Mais alors, que se cache-t-il vraiment derrière ce titre ?

Loin au Nord, les Dieux, les Anciens et les Os veillent sur le royaume de Cnàimh, où le souvenir d’un roi sanguinaire hante toujours ses habitants. Pour survivre aux hivers rigoureux, ces terres doivent rétablir les alliances d’antan.
Nayla appartient au sang sombre, la chamane l’a désignée ainsi lors de son rituel de passage. Cela signifie qu’elle rejoindra l’ordre, ou plutôt la consœurie, des Corbeaux, sous le nom de Nå. Cet ordre de femmes sert les intérêts du royaume, et ce à n’importe quel prix. Politique, séduction, intelligence … Aucune corde ne manque à leur arc pour arriver à leurs fins. Pour devenir à son tour Reine des Corbeaux, Nayla ne pourra compter sur personne. Quel est donc ce destin qui s’offre à elle ?

Finalement, Une couronne d’os et d’épines laisse un sentiment mitigé avec du très bon comme du moins bon. Faisons donc la part des choses !
Emily Norsken, dans ce qui est son premier roman, nous livre là un univers dense, complet et étendu qu’il est plaisant de parcourir avec les personnages. On sent que ce monde continue d’exister une fois le livre refermé : au gré des pages, on découvre les petits détails culturels qui émaillent le récit, comme autant de preuves que l’histoire et la société des différents protagonistes ont été pensées dans leur globalité. Et ça, on aime beaucoup. Il en résulte même une petite impression d’Assassin Royal ou de Cycle de Syffe qui n’est pas désagréable. Malheureusement, la plume de l’autrice — et par la force des choses ce roman— perd en puissance au gré des coquilles et des fautes grammaticales qui agrémentent le texte … Cela sera peut-être corrigé dans une future version, mais c’est bien dommage de voir l’écriture d’une autrice prometteuse pénalisée par de la typographie.

L’intrigue a également du potentiel … mais elle laisse un petit peu le lecteur sur sa faim. En effet, le début du roman, qui a des allures de roman initiatique, nous promet des manœuvres politiques et des jeux de pouvoir. Mais finalement, on se rend vite compte que Nayla n’a pas autant de latitude que ce qu’elle pensait. Elle subit bien souvent les situations, et même si son enseignement lui a appris à tirer parti de chaque situation, on sent le personnage dépassé par une société patriarcale assez toxique. À ce titre, les ellipses temporelles choisies ne sont pas forcément judicieuses : l’accent est en effet mis sur les épisodes où Nayla doit se servir de son corps (ou le subir) pour arriver à ses fins et les aspects plus politiques semblent parfois occultés, une impression renforcée par le détachement du personnage principal vis-à-vis de sa propre histoire. On émet également une certaine réserve sur le rôle des femmes dans cet univers et le recours à des scènes d’abus, qui pourraient choquer une partie du lectorat.

Une couronne d’os et d’épines est une belle briquette de plus de 600 pages, qui se dévore et qui amène à des réflexions plus poussées une fois le livre refermé, sur la teneur du message au-delà de l’aspect divertissant. Et c’est peut-être là que les bémols apparaissent. Malgré tout, on décèle à travers cette lecture tout le potentiel de son autrice, sur qui il faudra définitivement garder un œil.

Une couronne d’os et d’épines, Emily Norsken. Les Trois Nornes, septembre 2021.

 

par Coralie

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