La couleur du mensonge : romance, espionnage et fantasy !

FANTASY — Avant d’écrire son premier roman, dont on vous parle aujourd’hui, Erin Beaty a eu une carrière totalement différente. Car après un diplôme en astronautique, elle a exercé comme instructrice en armement puis comme officier formatrice ! Ce qui explique sans doute comment son premier titre peut mêler à ce point romance, fantasy et espionnage !

Sage Fowler est une bâtarde orpheline élevée par son oncle, dans l’une des provinces reculées du royaume de Demora. Mais bien assez vite arrive le jour de ses 16 ans. Comme toute jeune fille qui se respecte, il est donc temps pour Sage de se fiancer. Pour ce faire, son oncle lui a pris rendez vous avec l’entremetteuse la plus célèbre du pays. Mais l’entrevue tourne rapidement au vinaigre : Sage, du haut de son jeune âge, est un esprit libre qui ne souhaite pas se marier, si ce n’est par amour avec la personne de son choix. Rien ne pourra la faire changer d’avis. Quelle surprise pour elle lorsque la marieuse lui annonce alors son intention d’en faire son apprentie. C’est donc fraîchement embauchée que Sage va quitter la maison de son oncle pour partir à travers le royaume afin d’accompagner les plus beaux partis de la région au Concordium, où les unions les plus prestigieuses seront décidées pour les années à venir. Sur la route, Sage observe, note et espionne tous ceux qui croisent son chemin, déformation professionnelle oblige. Jusqu’à ce qu’elle réalise que leur convoi est peut-être au cœur d’un tout autre type de machination …

A priori, le scénario est couru d’avance : une héroïne rebelle, forte et déterminée qui traverse de part en part un royaume menacé. Menacé certes, mais tout de même très focalisé sur les histoires de coeur, concordium oblige. Un peu cliché, n’est-ce pas ? Et pourtant, même si elle ne révolutionne pas le genre, l’histoire ne s’avère au final pas si classique que ça !
Le parti pris par l’auteure de s’intéresser notamment au côté géopolitique n’y est sans doute pas étranger. Car Sage étudie non seulement les prétendants au mariage, mais aussi les personnes qui gravitent autour du convoi, parmi lesquels quelques espions potentiels. En parallèle, elle tâche de gérer au mieux les jeunes filles qu’elle est chargée de convoyer, et leurs petites histoires. Il en résulte une association inattendue de la fantasy et de l’espionnage (et de la romance, soyons honnête) particulièrement divertissante. Par ailleurs, l’angle de vue choisi est original. Dans cet univers, la caste des marieuses est extrêmement importante, puisque ces femmes d’une grande intelligence politique ont le pouvoir de décider des unions entre les grandes familles du royaume et donc d’assurer sa stabilité diplomatique. La clef, pour elles, ce sont donc les informations qu’elles peuvent récolter sur les uns et les autres, afin de déterminer les meilleures alliances politiques à faire. Ainsi, sous couvert d’observer les prétendants potentiels, Sage amasse donc une masse conséquente d’informations, ce qui n’échappe pas aux militaires qui accompagne le convoi… lesquels commencent à soupçonner une collusion avec l’ennemi !

Espionnage oblige, entre les personnages, tout n’est que tromperie, mensonges et manigances. Chacun avance masqué et hésite à révéler ses motivations. Et bien souvent, tel est pris qui croyait prendre. Au final, c’est peut être le lecteur qui ressort quelque peu embrouillé de tous ces imbroglios : les différents stratagèmes mis en oeuvre se révèlent parfois un peu trop alambiqués et les sous-intrigues foisonnantes de chaque plan machiavélique n’arrangent pas forcément la fluidité du récit. On regrettera également que tous les personnages ne soient pas aussi creusés que Sage, ce qui n’aurait pas manqué d’apporter un peu de consistance à l’univers.

Malgré tout, ce roman s’avère être un véritable page-turner. L’intrigue est bien amenée, les petits jeux de pouvoirs très prenants, les rebondissements nombreux et les dénouements ne se font pas trop attendre, ce qui permet d’avancer avec plaisir au fil des pages et compense largement la complexité de certaines situations.

Voilà donc un premier tome divertissant et enthousiasmant qui met bien en place l’univers et les personnages et dont la fin peut éventuellement se suffire à elle-même. Néanmoins, l’histoire sait titiller notre curiosité et donne envie de se pencher sur le tome 2 (dont la version originale est sortie en milieu d’année !).

La Couleur du mensonge, tome 1, Erin Beaty. Lumen, février 2018. Traduit de l’anglais par Jean-Baptiste Bernet.

Par Coralie et Oihana.

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