La Ville sans vent : un gros coup de cœur

FANTASY JEUNESSE — Éléonore Devillepoix a fait une entrée remarquée en fantasy jeunesse avec son diptyque La Ville sans vent, dont on parle aujourd’hui !

À 19 ans, Lastyanax termine sa formation de mage et s’attend à devoir gravir difficilement les échelons du pouvoir, vu son origine modeste. Le mystérieux meurtre de son mentor le propulse subitement au plus haut niveau d’Hyperborée, au poste de ministre du Nivellement. Arka, de son côté, vient tout juste d’arriver en ville avec deux objectifs en tête : apprendre la magie et retrouver son père, qu’elle n’a jamais connu. Idéalement sans se mettre dans une situation périlleuse… ce qu’elle fait pourtant à merveille et sans forcément le vouloir. Les hasards de la vie font que l’une devient l’apprentie de l’autre, au moment où les complots semblent menacer la ville sans vent.

Le roman s’ouvre en fanfare, avec le décès pour le moins mystérieux d’un ministre, que Lastyanax interprète comme étant un meurtre et sur lequel il va immédiatement mener l’enquête. Parallèlement, on suit les pérégrinations d’Arka, fraîchement débarquée en ville, ce qui nous permet d’une part de mieux visualiser le décor dans lequel se tient l’intrigue et, d’autre part, d’en saisir toutes les inégalités. Hyperborée, en effet, est construite sous un dôme, la protégeant du climat rigoureux des monts Riphées qui l’entourent. Dôme oblige, la ville est empilée sur sept niveaux : au rez-de-chaussée, le bas peuple, au septième niveau, l’aristocratie, dont les mages. Au milieu, un marasme de travailleurs et d’habitants laborieux. Les différentes zones de la ville sont reliées par des canaux, sur lesquels on voyage à dos de tortue. L’univers mélange donc des préoccupations très actuelles (lutte des classes, inégalités sociales diverses et variées) et un décor particulièrement original et bien pensé.

Le récit prend très vite d’indéniables accents mystérieux : Lastyanax mène difficilement son enquête, mais la part du mystère vient surtout d’Arka. On comprend assez vite que la jeune fille a un passé assez traumatisant durant lequel elle a perdu tous ses proches et surtout… qu’elle vient d’Arcadie, où les Amazones, ennemies jurées d’Hyperborée, viennent de subir un cruel revers militaire. À sa recherche de son père s’ajoute donc la tension de ne pas être découverte, tout en survivant à un cursus scolaire assez mouvementé, et dont les péripéties devraient parler à tous les lecteurs !
Si l’intrigue peut sembler simple au premier abord, elle repose en fait sur plusieurs couches de sous-intrigues intelligemment menées et sur un complot savamment ourdi. Les péripéties s’enchaînent à bon train, tout comme les semi-révélations, aussi le suspense est-il savamment maintenu jusqu’à l’explosif final, qui donne rudement envie de lire la suite. Pour ne rien gâcher, le récit est truffé d’humour, qu’il s’agisse d’un comique de situation bien dosé et qui doit beaucoup au côté rentre-dedans d’Arka, ou bien des répliques savoureuses que s’échangent les personnages. C’est un régal à lire !

Excellente pioche au rayon fantasy jeunesse donc, avec un titre que l’on recommande non seulement aux adolescents, mais aussi aux lecteurs plus âgés, tant la plume fine, l’intrigue bien menée et l’univers enchanteur font mouche. Il serait dommage de passer à côté !

La Ville sans vent, tome 1, Éléonore Devillepoix. Le Livre de poche (jeunesse), 5 octobre 2022.

 

A propos Oihana 710 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

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