Dark shadows, Lara Parker

Série, puis trilogie de livres, Dark shadows a fait un retour fracassant sur le devant de la scène avec l’adaptation qu’en propose Tim Burton, avec Johnny Depp et Eva Green. Décalée et disco, cette comédie fantastique met en scène un Barnabas grimé de blanc et une Angélique enjôleuse. Quinze ans avant la sortie du film, Lara Parker, interprète originale d’Angélique, décide d’imaginer le passé de son personnage en une série de livres, traduits cette année par Michel Lafon.

Héritier richissime et arrogant, Barnabas Collins est aimé des femmes, trop pour son propre bien. Il a conquis le cœur et le corps de la jeune Angélique, avant de la trahir. Mais Angélique a été élevée dans le vaudou et la magie la plus noire. Maudit, Barnabas devient un vampire, condamné à souffrir l’éternité durant, enfermé dans son caveau. Quelques deux cents ans plus tard, en 1971, Barnabas a réintégré le monde des vivants, et a découvert le journal d’Angélique, faisant ainsi la lumière sur les sombres évènements qui ont mis sa vie à sac deux siècles plus tôt.

Ce premier tome possède le charme du film, même s’ils n’ont au fond que très peu de points communs : l’histoire fait l’objet d’une réinterprétation, car Lara Parker a décidé de combler les blancs, et de donner à Angélique, qui était toujours apparue comme une âme vile et dépravée, une véritable humanité et une complexité nouvelle. Ainsi, nous quittons le lugubre manoir de Collinwood pour la verdure et la magie de l’île de Madinina, où Angélique a grandi. La jeune femme est née à l’époque de l’esclavage et à l’âge d’or du vaudou. Après une enfance plutôt préservée avec sa mère, Angélique voit sa vie basculer lorsque son père réapparaît dans sa vie, faisant d’elle une idole pour pacifier ses esclaves. De très dures années commencent pour la jeune fille, qui découvre la cruauté de la servitude et l’impitoyable commerce de la canne à sucre, de la fenêtre de son cachot. Le récit, bien que coloré et vivant, immerge le lecteur dans un monde très dur, où il a l’impression d’étouffer. Plus âgée, Angélique, devenue au fait des choses du vaudou, découvre l’envie et la jalousie en devenant la femme de chambre de la jeune Josette, une aristocrate fortunée, mais inconsciente de sa chance. La rencontre avec Barnabas surprendra les fans du film, et les révoltera. Il est difficile, à la lecture de ce récit, de ne pas compatir avec cette pauvre Angélique, toute sorcière qu’elle est.

L’histoire d’Angélique se dévore en très peu de temps, tant les passions et les aventures s’entremêlent pour notre plus grand plaisir : haine, amour, envie s’allient à l’histoire romanesque de la jeune fille, sur la toile de fond de l’histoire de la Martinique. Le lecteur est pris au piège, et ressent, au fil de la lecture, monter le désespoir d’Angélique qu’il fait presque sien, par empathie. On ressort de cette lecture un peu ému, avec la sensation d’avoir voyagé dans le temps et dans l’espace. On n’aura certes pas retrouvé l’atmosphère du film, ou son humour, mais le charme du Barnabas de Lara Parker vaut bien celui de Johnny Depp !

Dark shadows, Lara Parker. Michel Lafon, 2012.

 

 

 

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