FANTASY — Silène Edgar est une autrice qui touche avec brio à tous les genres : du roman jeunesse à l’adulte, de l’historique à la fantasy. Sa force ? Une plume juste et vibrante qui sait toujours toucher son lecteur en plein cœur. Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir Une maison de feu, le premier tome de sa dernière saga de fantasy.
On dit que le Chaos, quand il veut un enfant, pousse une femme à engendrer le jour de Diké. Et sa fille après elle, et ainsi de suite pendant six générations… Et lorsque naîtra la septième, naîtra alors la vraie fille du Chaos. Et celle-ci sera bleue comme la nuit, et celle-ci sera pleine de la force du ciel, et celle-ci mettra la terre en colère.
Sous le soleil de Monos, une petite planète volcanique, s’étale un gigantesque marais parsemé d’îles et d’atolls. Polis, l’île centrale, abrite le couple sacré et les familles des Descendants. Leurs pouvoirs ancestraux maintiennent l’Équilibre et tiennent le Chaos à distance durant les 49 ans de la Ronde. Mais lors de la cinquantième année, l’ombre de la planète Mavros se répand et vient le temps de la guerre.
Une guerre qui semble encore lointaine à la naissance de Aïone. Et pourtant, à peine parue, l’extraordinaire enfant à la peau bleu profond et aux cheveux de feu semble être à l’origine d’une cascade de bouleversements. Au même instant, le volcan de l’île se réveille. Commence alors un cycle de calamités à l’ampleur surnaturelle – séismes, tempêtes meurtrières, sécheresse, coulées de lave – et tous s’interrogent : la petite fille à la couleur de nuit, qui grandit à une vitesse phénoménale, est-elle un élément d’Équilibre ou de Chaos ?
Un résumé étoffé pour un univers qui ne l’est pas moins. Silène Edgar nous offre ici une fantasy de qualité, qui transcende son lectorat avec ses valeurs universelles. Elle nous ouvre ainsi à une autre culture insulaire, à un autre fonctionnement de société. Sous couvert d’imaginaire, l’autrice nous transmet un peu de la Polynésie qu’elle aime tant pour y avoir vécu. Elle s’attache d’ailleurs beaucoup à définir les relations familiales et hiérarchiques, ainsi que les interpolations qui existent entre les personnages, ce qui donne un point de vue anthropologique des plus intéressants sans jamais être pesant. Cette anecdote prend d’ailleurs toute sa saveur quand on sait que cette histoire a été écrite pendant le confinement et explique bien cette envie d’évasion. Dans ce livre, il n’y a pas d’héroïne ou de héros solitaire, mais une famille, dans son amour et toute sa complexité, qui essaie de comprendre et de faire pour le mieux malgré les changements. On y rencontre ainsi Tahor, la mère de famille, tantôt calme, tantôt tempétueuse pour défendre les siens; Noun, le père qui est aussi le mage-familier du village et qui tend à l’équilibre ainsi que leurs 3 enfants, qui cherchent comment grandir et se définir par ces temps troublés. Autant de personnages pour soulever des problématiques actuelles comme l’identité de genre, l’égalité homme-femme ou bien encore les transformations, qu’elles qu’elles soient. Chaque génération de lecteur y trouvera ainsi une source inépuisable d’émerveillement, de réflexion et de péripéties. Impossible, dans ce contexte, de coller une étiquette jeunesse ou adulte à ce livre, et c’est pour le mieux : car c’est ce qui fait l’apanage des grandes histoires.
Initialement prévu comme une trilogie, nous aurons finalement affaire à un diptyque. Et même si on regrette de passer un tome de moins dans cet univers, on attend la suite avec une impatience non dissimulée !
La Fille de Diké – Tome 1 : Une maison de feu, de Silène Edgar. Bragelonne, juin 2023.
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