Le Dernier Soleil : Tarot et fantasy urbaine !

URBAN FANTASY — Si la bit-lit a toujours le vent en poupe, il semblerait que le genre dont elle dépend, la fantasy urbaine, n’ait pas encore dit son dernier mot, en témoigne cette nouvelle saga de K.D. Edwards que publie Bragelonne cette année – car, une fois n’est pas coutume, la publication de la trilogie va s’étaler sur trois mois consécutifs !

Rune Saint-John, dernier descendant de la cour déchue du Soleil, se voit engagé pour enquêter sur la disparition d’Addam, fils de dame Justice, en Nouvelle-Atlantide, la ville-île où les Atlantes se sont établis après la destruction de leur terre d’origine par les humains. Accompagné de son Acolyte et garde du corps, Brand, il infiltre les plus hautes sphères de la noblesse néo-atlante pour interroger les proches et les associés du disparu. Très vite, cependant, leur enquête va les mener sur une piste imprévue : celle d’une créature légendaire liée au secret du massacre de la Cour du Soleil. En cherchant Addam, Rune pourra-t-il lever le voile sur l’assassinat de sa famille et sur son passé ?

Dans l’univers de Rune Saint-John, on vit en Cours, lesquelles portent les noms des 22 Arcanes majeurs du Tarot – repris par les humains avant même de savoir que l’Atlantide et la magie existaient ! Depuis l’époque où les Atlantes vivaient tranquillement sur leur île, la vie a bien changé : les progrès scientifiques et techniques de l’humanité ont permis la découverte de l’île et de ses habitants, une guerre a eu lieu entre les deux camps, l’Atlantide a été éradiquée de la carte. Et les Atlantes ? Ils ont racheté bout par bout l’île de Nantucket, s’y sont installés, et ont repris leur vie presque comme auparavant : leur magie ancestrale coexiste avec internet et on s’y trucide joyeusement par moyens magiques (ou pas) interposés. Bref : la routine.
Dans ce riant environnement, Rune Saint-John, seul survivant du massacre de sa Cour alors qu’il n’était qu’un adolescent, vivote en officiant comme détective privé. L’enquête sur la disparition du rejeton de la Justice tombe donc à point nommé pour mettre un peu de beurre dans les épinards.

Las, il s’avère bien vite qu’il met les pieds dans un sacré sac de nœuds, les Atlantes ayant, semble-t-il, deux passions dans la vie : la magie et les complots politiques. Ces derniers vont et viennent au gré des alliances souterraines que nouent les Cours entre elles, ce qui assure suspense et dynamisme au récit, grâce à une sous-intrigue prenante et qui tient la route.
L’intrigue principale est centrée sur l’enquête de Rune, qui ne déroge pas vraiment aux classiques du genre en fantasy urbaine. Non, ce qui fait le sel du roman, c’est plutôt le système de magie, et les relations entre les personnages.

La première, assez originale, se fonde sur deux aspects différents : l’Aspect, justement, est la magie inhérente à chaque clan, qui se manifeste physiquement, altérant l’apparence du porteur – et dans le cas de Rune, c’est souvent à l’insu de son plein gré que cela se produit. L’autre versant de la magie réside dans des sceaux, artefacts divers et variés qu’il convient de recharger en sorts au moyen de longues séances de méditation : plus longue est la séance, plus fort sera le sort. Cela introduit donc d’emblée un souci d’économie, car la magie n’est pas inépuisable, et il n’est pas question de balancer des sorts à tout va – ce qui, évidemment, joue grandement sur le suspense.

Les relations entre personnages, quant à elles, sont bien décrites et assurent elles aussi son dynamisme au récit. Le lien indéfectible entre Rune et Brand, leur profonde amitié, s’avère vraiment touchante. L’air de rien, le récit évoque aussi des thèmes forts comme l’abandon, ou le stress post-traumatique, tout en sensibilité, mais sans tomber dans la mièvrerie. Bonne pioche, donc !

K.D. Edwards signe donc un excellent début de série, fondée sur des personnages très attachants, une intrigue palpitante et un univers original. On a hâte de lire la suite qui, ça tombe bien, est déjà parue !

Tarot, tome 1 : Le Dernier Soleil, K.D. Edwards. Traduit de l’anglais par Alix Dewez. Bragelonne, 16 août 2023.

A propos Oihana 710 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

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