Aurora : dans l’espace, personne ne vous entendra crier

SCIENCE-FICTION — Kim Stanley Robinson est un auteur américain spécialisé dans la science-fiction, lauréat de plusieurs prix Hugo, Nebula et Locus – entre autres. On parle aujourd’hui d’un de ses planet opera, sobrement intitulé Aurora.

Il y a près de deux siècles, un vaisseau interstellaire abritant près de deux milles voyageurs, des animaux, des plantes, du matériel scientifique, a été expédié vers le système stellaire de Tau Ceti. Objectif final : Aurora, une lune à coloniser. Justement, le terme du voyage approche et le vaisseau décélère. Or, cette décélération entraîne des dysfonctionnements à bord du vaisseau, provoquant l’inquiétude des ingénieurs à bord : parviendront-ils à mener leurs voisins et parents à destination ?

Voilà ce sur quoi s’ouvre le roman : la fin d’un voyage interstellaire, l’aube d’une nouvelle colonisation. Un classique en science-fiction ! Sauf que Kim Stanley Robinson ne se contente pas d’arpenter les sentiers battus.
Tout d’abord, il choisit une narration originale. Car le narrateur, omniscient (et plus si affinités), n’est autre que l’intelligence artificielle du vaisseau. Laquelle n’a évidemment pas été programmée pour raconter des histoires et nécessite donc quelques ajustements. Au style froid et très factuel du début succèdent donc quelques chapitres durant lesquels l’IA fait l’apprentissage de la narratologie, découvre les métaphores, les points de vue, et autres astuces sémantiques. C’est une accroche narrative vraiment originale et dont le concept est poussé jusqu’au bout !

Plutôt qu’un récit assez classique de colonisation de planète, Aurora détaille la vie à bord d’un vaisseau interstellaire parti des siècles plus tôt, à la recherche d’un nouvel habitat. Et on s’aperçoit assez vite que l’enjeu majeur n’est pas la découverte de la nouvelle planète, mais bien le maintien du vaisseau. Car celui-ci, parti depuis deux siècles au bas mot, commence à vieillir et à rencontrer des problèmes qui n’avaient peut-être pas été anticipés par les concepteurs.
Comment faire avec seulement les moyens du bord lorsque les ressources viennent à manquer et que ce manque met en péril la survie de tous les vivants à bord ? Comment maintenir toutes les espèces et la biodiversité minimale requise à bord du vaisseau ? Comment lutter contre la famine ? Ces questions vont rapidement devenir centrales. De même que la survie de l’espèce, avec toutes les questions autour de la diversité génétique (le renouvellement du patrimoine génétique des voyageurs étant donc assez limité).

Le récit s’inscrit donc résolument dans la hard SF : prévoyez quelques paragraphes d’explications de concepts scientifiques (parmi lesquels le paradoxe de Fermi) et autres résolutions d’équation entre deux répliques. Si ce n’est pas votre tasse de thé, pas de panique : le récit est parfaitement compréhensible même si on n’a pas fait une thèse d’astrophysique ! S’il y a quelques longueurs à déplorer aux alentours de la moitié du roman, le dynamisme des débuts et de la dernière partie le rend très prenant.

En bref, voilà une excellente découverte au rayon science-fiction. L’auteur propose une aventure complète en un seul volume qui se dévore !

Aurora, Kim Stanley Robinson. Traduit de l’anglais par Florence Dolisi. Bragelonne, réédition janvier 2021. 

A propos Oihana 710 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

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