L’espace d’un instant : coup de cœur rayon comics !

COMICS JEUNESSE — Niki Smith est une  dessinatrice et scénariste de comics, dont l’œuvre a déjà été primée. Et ce n’est pas son dernier titre en date, L’espace d’un instant, qui démérite !

Manuel retourne à l’école après un événement difficile : sa professeure d’arts plastique a été agressée par un assaillant armé et le jeune garçon éprouve beaucoup de difficultés à reprendre sa scolarité normalement. Pour lutter contre son anxiété, il utilise l’appareil photo de son téléphone portable. Chaque photo fait office de point d’ancrage, lui permet de garder les pieds sur terre et de traverser ses journées monotones et solitaires. Pour un devoir de groupe, le remplaçant d’arts plastiques oblige Manuel à faire équipe avec Sebastian et Caysha, ses camarades de classe. A leur contact, Manuel découvre la campagne, la beauté de la nature et le réconfort de la camaraderie !

L’Espace d’un instant est une superbe bande-dessinée ! L’histoire débute directement dans le vif avec le retour à l’école de Manuel, dans une ambiance plus que tendue, puisque Manuel souffre de terribles cauchemars et autres crises de panique. Il est en plein stress post-traumatique.
Niki Smith déroule doucement, mais sûrement, son histoire. Si l’on sait dès le départ que Manuel est en pleine souffrance, il faut avancer un peu dans le récit pour en comprendre l’origine, ce qui rend la lecture d’autant plus prenante. L’intrigue avance à la fois sur la reconstruction de Manuel, sur son amour et sa découverte de la photo, mais aussi sur l’amitié profonde qu’il noue avec Sebastian et Caysha, qui lui permet de découvrir les joies de la vie à la ferme et au contact de la nature.

L’autrice a écrit des personnages complexes et convaincants. On est touchés par les liens solides qui se nouent entre Manuel, Caysha et Sebastian, et qui n’est pas profitable qu’au premier des trois adolescents !
Finalement, ce dont parle ce comics, c’est de reconstruction. Le moment du traumatisme est évoqué, bien sûr, mais ce qui est au centre de l’affaire, ici, c’est l’après : comment on gère les crises, comment on vit avec ce stress post-traumatique, comment, en somme, on s’en sort. Et si l’amitié et la famille sont évidemment importantes, le récit montre aussi comment l’art (ici la photographie, particulièrement) peut être la bouée de sauvetage de ceux qui sombrent.

Les illustrations de Niki Smith, douces et dans des couleurs chaudes, sont pleines de tendresse. Elles contrastent fortement avec les illustrations très sombres, striées de lignes angoissantes, qui représentent les crises que traverse Manuel. L’autrice a grandi au Kansas, et cela se sent dans ses illustrations de campagne, de champs fleuris, et de vie à la ferme : ces planches sont aussi sublimes que sensibles, ce qui participe complètement à l’ambiance très douce de l’ensemble, malgré le sujet ô combien difficile !

Voilà donc une autrice dont on guettera avec attention les prochaines parutions !

L’espace d’un instant, Niki Smith. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marc Lesage. Rue de Sèvres, mars 2022. 

A propos Oihana 710 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

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