Miss Charity, L’Enfance de l’Art : une adaptation BD des plus charmantes

BANDE-DESSINÉE — Vous avez peut-être déjà croisé notre héroïne du jour au détour d’une étagère. Car avant d’être adapté en bande dessinée, Miss Charity est un roman jeunesse de la talentueuse Marie-Aude Murail, librement inspiré de la vie de Beatrix Potter. Le scenario de Loïc Clément et les somptueuses aquarelles d’Anne Montel ont su donner vie à notre jeune héroïne, dans une magnifique ambiance naturaliste !

Miss Charity est une petite fille de la bonne société anglaise des années 1880. À l’époque, la tradition voudrait qu’elle reste sagement dans son coin à sourire, invisible et en silence. Délaissée par ses parents trop occupés à briller en société, Charity ne tarde pas à se réfugier dans son monde. C’est ainsi qu’elle transforme sa nursery en refuge animalier, au grand dam de sa bonne Tabitha : souris, hérissons, oiseaux, … La jeune fille étudie tous les habitants de son jardin, les recueille et note consciencieusement ses observations dans ses cahiers. Pour ne pas mourir d’ennui, elle décide également de dresser un lapin,  d’apprendre Shakespeare par coeur ou encore d’observer des spores au microscope. Jusqu’à ce que ses parents décident de lui attribuer une préceptrice, Melle Blanche Legros. Les débuts sont difficiles et Blanche ne parvient pas à captiver l’attention de sa jeune élève, jusqu’à ce qu’elle ait un jour l’illumination. Elle lui apprendra l’aquarelle. Charity se prend d’une passion folle pour cette technique et se met à croquer le monde qui l’entoure, avec talent d’ailleurs ! Ses observations préférées ? Les champignons, pardi ! De page en page, Charity grandit et continue à exister par et pour ses dessins.

Impossible de s’y tromper, ce doux récit porte avant tout sur la place des femmes (et avant elles des jeunes filles) dans la société. De petite fille curieuse et isolée, on voit Charity devenir une adolescente passionnée et singulière. Car plutôt que s’adonner aux travaux d’aiguilles et au piano comme toutes les jeunes filles de son âge, Charity cherche à s’instruire et se lance à corps perdu dans la mycologie. Et si ce premier opus ne fait qu’effleurer le problème, on sent bien que notre héroïne va devoir lutter, d’une part pour garder cette indépendance qui la caractérise, mais aussi pour être considérée à sa juste valeur dans un monde d’homme. Car Charity aimerait publier son traité illustré sur les champignons des villes …

À travers ses yeux, c’est toute la société qu’on observe. Si Charity ne formule pas nécessairement des reproches, on voit bien que certains aspects la dérangent et c’est un délice de suivre cela avec elle. Et cela commence très tôt, avec des parents complètement désintéressés : ils ne mangent en famille qu’une fois par an, pour son anniversaire, et sa mère ne daigne la recevoir qu’une fois par semaine pour l’interroger sur sa foi religieuse. Elle est également fascinée par ses cousines, avec qui elle voudrait par dessus tout se lier mais auxquelles elle ne trouve rien à dire.

Miss Charity s’avère être une histoire tendre et sensible, émaillée de clins d’oeil à l’Angleterre victorienne et aux us et coutumes de l’époque, ainsi qu’une superbe adaptation version carnet d’aquarelles. Une très jolie découverte dont on attend impatiemment les tomes suivants, afin de découvrir le destin de la jeune fille !

Miss Charity, tome 1 : l’enfance de l’Art, Loïc Clément et Anne Montel, d’après le roman de Marie-Aude Murail. Rue de Sèvres, février 2020.

Par Coralie.

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