Le Monde d’Ally : relire un coup de coeur vingt ans après

Le Monde d'Ally

ADOLESCENCE — Vous voulez un coup de vieux ? Ce n’est pas très compliqué. Il suffit de mettre la main sur un de vos coups de coeur d’adolescence et de le relire.

C’est ce que j’ai fait quand j’ai vu que Larousse jeunesse rééditait Le Monde d’Ally de Karen McCombie cette année. Vous le savez peut-être, mais je note absolument toutes mes lectures depuis juillet 2003 (oui, cela fera vingt ans bientôt). C’est ainsi que je peux vous dire que cela fait justement vingt ans que j’ai lu le premier tome de cette série, et qu’elle m’a accompagnée de 2003 à 2005. Bonjour le coup de vieux.

Continuons dans cette direction, si vous voulez bien : Ally a treize ans et vit à Londres dans une famille légèrement dysfonctionnelle mais tout à fait attachante. Quand j’ai lu le premier tome, j’avais rigoureusement le même âge qu’elle, j’étais en classe de 4e. Mon dieu, maintenant j’ai trente-deux ans et je me demande quel genre d’adulte serait Ally au même âge, si elle serait toujours pote avec Billy, Sandie et Kyra et si son frèrez Tor est finalement devenu véto. En relisant ce premier tome, dont un des enjeux est l’anniversaire du papa, je me suis rendue compte que j’avais maintenant l’âge du père, à quelques années près, et que les deux grandes soeurs d’Ally qui me semblaient si… adultes sont désormais des gamines à mes yeux. C’est moche de vieillir. Très moche.

J’avais deux interrogations en entamant cette relecture. La première : est-ce que c’est toujours aussi bien avec le regard d’une adulte (arrêtez, je pleure) ? La seconde : est-ce que ça n’a pas vieilli ? Le quotidien d’une ado en 2003 n’est pas tout à fait le même que celui d’une jeune fille d’aujourd’hui.

Première réponse : oui, c’est toujours vachement bien. C’est bourré d’humour, et les personnages sont toujours aussi attachants. Le style est toujours aussi vif, aussi dynamique. C’est un vrai plaisir et si, moi j’ai clairement passé l’âge, je serai ravie de le mettre dans les mains de ma propre fille dans sept, huit ans, quand elle aura atteint l’âge (le coup de vieux est là encore réel. Ma fille est plus proche de l’âge d’Ally que je ne le suis.)

Deuxième réponse : ça va, en fait. À ma grande surprise, j’ai repéré une référence à Gossip Girl qui me semble un peu anachronique si on songe que la première édition de la VO date de 2001. Il y a également une scène où Ally et ses potes matent un DVD (et vu le petit couac d’accord qu’il y a sur une phrase, je pense qu’initialement, c’était une cassette, oups, et que ça été modernisé pour cette réédition), ce qui n’est déjà pas très dans l’air du temps en soit, mais ça passe. Le récit est, de fait, assez intemporel. Loin de la sacro-sainte trinité Snapchat/TikTok/Instagram, et de marqueurs temporels trop datés comme les cassettes, le Minitel ou le téléphone à cadran, Le Monde d’Ally réussit à trouver son équilibre entre deux époques, et conviendra tout à fait à des jeunes de la génération Alpha (et les jeunes de la génération Y, oui enfin, les ex-jeunes de la génération Y qui ont aimé ce roman y trouveront amplement leur compte s’ils ont envie d’un shot de nostalgie).

Pour ce qui est de l’intrigue, un mot : nous suivons Ally dans son quotidien d’adolescente. Les chamailleries avec la fratrie, les histoires de collège, et les interrogations sur la puberté et les petits copains. Des thèmes qui parleront à toutes les ados de son âge, j’en suis sûre.

Le Monde d’Ally, Karen McCombie. Larousse Jeunesse, 2023. Traduit de l’anglais par Nathalie Zimmermann.

A propos Emily Costecalde 1036 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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