Jordan Belfort peut se réjouir. L’adaptation tirée de son autobiographie faisait parler d’elle avant même que le film ne sorte en salles, quand il a été su que Brad Pitt et Leonardo DiCaprio se disputaient les droits. C’est finalement Leonardo DiCaprio qui a remporté l’enchère (et tant mieux !), et incarne à l’écran Jordan Belfort, un trader de Wall Street. Maintenant que le film est en salles, il fait l’objet de bien des polémiques : serait-il too much, trop long, trop partisan d’une vie de débauche ? Alors qu’outre-Atlantique, Leonardo DiCaprio défend son film bec et ongle, Jordan Belfort, lui, clame à qui veut bien l’entendre qu’il ne touche pas un centime sur les royalties du film. Alors, Le Loup de Wall Street, on y va, ou on passe ?
Pour :
- Pour le duo mythique Martin Scorsese et Leonardo Dicaprio. ça marche en général plutôt bien : parmi leurs collaborations, on peut citer Gangs of New York, Les Infiltrés, Aviator…Dans Le Loup de Wall Street, Leonardo DiCaprio prouve une nouvelle fois à quel point il arrive à se fondre dans un rôle : son incarnation de Jordan Belfort est convaincante (sauf au début du film, où un DiCaprio presque quadragénaire doit incarner un Belfort de 22 ans) et énergique. Il parvient à montrer l’évolution du personnage, d’un gars simple, débrouillard et ambitieux au roi de l’hubris. Simple stagiaire au début, Belfort montre par la suite un bagout et un charisme indéniables, créant sa propre entreprise
- Pour un spectacle d’une absurdité et d’une bouffonnerie consommées. Le Loup de Wall Street montre des scènes de débauche et de défonce complètement folles, où, grâce à l’argent, tout est possible, y compris le lancer de nains. On songe également à une scène complètement loufoque où Belfort, complètement stone, est incapable de rester debout mais doit impérativement rentrer chez lui, devant donc…ramper.
- Pour la peinture réaliste de la dérive des traders. Le Loup de Wall Street montre à quel point l’argent, la drogue et le pouvoir peuvent corrompre n’importe qui et le pousser à toutes les extrémités. Belfort et ses collègues de Statton Oakmont semblaient ne plus savoir quoi faire de leur argent et le dépensaient en alcool, drogue et prostituées. Dans le monde du Loup, tout s’achète. Et la pression est telle qu’en voulant l’évacuer, il est facile de se faire déborder.
- Pour des scènes d’anthologie qui pourraient bien devenir cultes. On ne voit pas assez Matthew McConaughey, pourtant montré dans la bande-annonce comme un personnage clef. En réalité, il apparaît très peu au début du film, et notamment dans une scène dans lequel il entreprend de déniaiser Belfort alors encore stagiaire. Il lui expose en quelques mots la mentalité qui règne parmi les traders et vante les bénéfices de la drogue et du sexe. Délicieusement immoral.
- Pour Jonah Hill. Incarnant le bras droit de Belfort, Jonah Hill campe un personnage à la limite du cas social vaguement effrayant, du genre qu’on aime bien mais dont on a tout de même un peu honte.
Contre :
- Le film souffre de nombreuses longueurs. Durant trois longues heures, Le Loup de Wall Street a tendance à répéter le même genre de scènes (orgies et défonces), qui finissent pas devenir lassantes, bien que l’on comprenne que ce procédé vise à montrer à quel point elles faisaient partie du quotidien de Belfort. Les frasques de Belfort et leurs amis finissent par nous ennuyer, et on finit presque par se dire qu’il ne s’agit au fond que d’une bande d’imbéciles égoïstes et dépravés.
- Trop, c’est trop. Ce qui nous entraîne à dire que trop de filles nues, de rails de rock et de jurons en tout genre finissent par heurter même les oreilles et les yeux les moins sensibles. Le film frôle parfois l’hystérie, et la mauvaise surenchère, nous donnant envie d’interpeller Scorsese pour lui dire que c’est bon, on a saisi l’idée.
Même si Le Loup de Wall Street n’est pas le film de l’année, et sûrement pas le meilleur de Scorsese, il n’en reste pas moins un film à voir. N’hésitez pas à nous donner à votre tour vos points pour et contre.
Par Emily Vaquié
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