« Un livre absolument magnifique » : c’est ainsi qu’Olivier Adam, qu’on ne présente plus, désigne le premier roman de l’Américain Nickolas Butler, Retour à Little Wing. Un roman qui connaît, pour le moins, un véritable succès éditorial : il est d’ores et déjà en cours de traduction dans dix pays. Avec Retour à Little Wing, Nickolas Butler nous offre un roman sensible sur l’amitié et sur ces petites villes du Midwest que nous, lecteurs français, ne connaissons pas, car elles n’ont bien sûr pas l’aura des métropoles comme New York, San Francisco ou Miami. Little Wing, Wisconsin, c’est le port d’ancrage des quatre personnages principaux du roman de Nickolas Butler. Peu importe la vie et ses aléas, les opportunités et même l’amour… tous finissent par revenir un jour ou l’autre à Little Wing.
Petite ville morne, Little Wing n’a pourtant rien de spécial, si ce n’est sa vieille fabrique. Il n’y a pas de cinéma, très peu de commerces, et un seul restaurant. Ses habitants ont beau s’y ennuyer, ils sont ici chez eux. C’est leur foyer. Et ils portent tous à la petite ville, à ses silos, à sa fabrique, un amour inconditionnel, touchant.
Nos quatre amis ont la trentaine. Certains sont partis, d’autres, comme Hank, sont restés. Fermier comme son père, Hank peine à joindre les deux bouts, mais il a une femme qu’il aime et deux beaux enfants. Son meilleur ami, Lee, est parti conquérir la ville : devenu une rock star, Lee continue à être magnétiquement attiré par Little Wing, malgré les lumières de New York ou de Los Angeles. Kip, lui, a fait fortune à Chicago, mais c’est à Little Wing qu’il souhaite étaler sa réussite et mener à bien son grand projet, remettre la fabrique sur pied. Enfin, Ronny, ex-star du rodéo, attend que le jour se passe à Little Wing, diminué par un accident qui lui a coûté son indépendance. C’est au hasard des noces des uns et des autres que les quatre amis se croisent et se recroisent. Ils découvrent que devenir adulte n’est pas aussi simple que cela, et que l’amitié est loin d’être immuable.
Retour à Little Wing est une métaphore des petites villes américaines à lui tout seul. Comme un étranger à Little Wing, on a dû mal à s’y faire, à se passionner. Puis, on finit par tomber sous le charme. Pourtant, Retour à Little Wing n’est pas un roman exempt de défauts. On déplore ici et là quelques longueurs. Mais on y découvre aussi de vrais moments de grâce, comme cette anecdote de Kip qui pourrait bien vous émouvoir aux larmes, quand le jeune loup aux dents longues aide un couple de fermiers à faire le deuil de leur fils unique. Cette scène est l’une de celles qui marquent le plus le lecteur. Touchante, pudique, elle sonne juste. Elle émeut bien plus que les atermoiements conjugaux des différents protagonistes qui se marient, se séparent, se remettent ensemble, se déchirent, s’en veulent, s’aiment, finalement. La trentaine semble être chez Nickolas Butler la décennie des doutes, du bilan : on essaie de faire le deuil de ses rêves et des possibilités infinies de la vingtaine. Beth est un personnage intéressant à cet égard : l’épouse de Hank songe souvent à ce qui aurait pu se passer si elle avait choisi un autre des quatre garçons. Peut-être serait-elle partie ? Car, malgré l’amour qu’ils semblent tous porter à Little Wing, il est aussi facile de s’y sentir piégé, emprisonné. Ces petites villes du Midwest, dont la plupart des habitants ne se sont jamais éloignés de plus d’une centaine de kilomètres… Leur horizon se borne aux villes voisines : Minneapolis, Chicago ou Eau Claire. Quand Lee, la rock star du groupe, se marie à New York, Hank et Beth débarquent dans la grande ville avec un émerveillement presque enfantin. Mais qu’ont ces villes de plus que Little Wing et ses environs immédiats ? « Tu veux aller voir des tableaux ? Ils en ont à Minneapolis. » commente pragmatiquement Hank (p.172). Et si la grande ville se fait séductrice à l’arrivée, bien vite la nostalgie s’installe, pour Hank et Beth, mais également pour Lee. Little Wing se fait aimant, toujours.
Nickolas Butler nous offre un premier roman juste et touchant, bien qu’un peu lisse. Mais c’est déjà un excellent début, et indéniablement, un auteur à suivre.
Meilleurs voeux à Café Powell.Personnellement je me suis jeté sur ce bouquin parce qu’il était inspiré de la vie de Justin Vernon de Bon Iver quand il est parti se ressourcer après une désillusion sentimentale qui lui a permis de créer le magnifique « For Emma » mais quelle niaiserie,ce bouquin,dégoulinant de bons sentiments et dépendant du chéquier de la Star.Quelle pauvreté quand on sait que les Ricains ont des auteurs comme Woodrell pour narrer la ruralité.