Dans la plupart des romans post-apocalyptiques, les héros évoluent dans un monde ravagé par les zombies : dissimulés derrière de hauts murs, ou, au contraire lâchés dans un monde où le danger guette à tous les coins de rue, les personnages doivent éviter d’être boulottés… ou transformés.
Dans Inhuman, le risque est le même : être mangé ou contaminé. Mais Kat Falls n’a pas eu recours au traditionnel zombie : elle a préféré imaginer un virus terrible, le ferae, qui transforme peu à peu les malades en bêtes sauvages. Littéralement. Selon ce qui vous a mordu, vous pouvez vous transformer en lion, en sanglier, en lapin…
Depuis le début de l’épidémie dix-neuf ans auparavant, les Etats-Unis ont été scindés en deux partie : à l’ouest, on vit dans une enclave ultra protégée, à l’abri du virus, tandis qu’à l’est, c’est la zone sauvage et ses innombrables dangers. L’est et l’ouest sont séparés par un gigantesque mur, qui tient autant du mur de Berlin que de la grande muraille de Chine : imposante, clivante et totalement impénétrable (en principe).
Lane a toujours vécu à l’ouest : née après l’épidémie, elle a été élevée dans du coton, si l’on fait abstraction du décès de sa mère quand elle était encore petite. Mais sa petite vie rangée bascule le jour où un agent du gouvernement lui apprend que son père est un contrebandier qui traverse fréquemment la frontière vers l’est, un crime puni de mort. Pour sauver son père, Lane doit retrouver son père à l’est et lui remettre une enveloppe contenant une mission de récupération à Chicago. Mais la jeune fille n’a aucune idée d’où se trouve son père, ou comment survivre à l’est. Pire encore, elle n’a que cinq jours pour retrouver son père et le laisser accomplir la mission ! Assistée d’Everson et de Rafe, deux acolytes à l’opposé l’un de l’autre, la jeune fille va devoir s’enfoncer dans l’est…
Inhuman est un roman post-apocalyptique vraiment chouette et délicieusement dense : on a à peine le temps d’entrapercevoir le monde sécurisé et obsédé par le désinfectant de l’ouest que notre héroïne est projetée dans l’univers chaotique et dangereux de l’est, bien plus intéressant. Et il s’en passe des choses à l’est : des camps de contagion aux étendues vides de vie humaine, en passant par un étrange château à Chicago, Lane va découvrir des lieux bien éloignés de ce qu’elle a connu jusque là, et faire des rencontres qui vont profondément la secouer. Roman d’apprentissage, Inhuman voit en effet son héroïne évoluer et grandir en l’espace de trois jours : de la petite fille effrayée, Lane va se muer en jeune fille décidée, courageuse, et surtout, engagée. Au cours de ses aventures à l’est, Lane va en effet rencontrer des malades du ferae et découvrir qu’avant la psychose qui les transformera finalement en bête sauvage, même contaminés, ils restent humains. La réflexion autour de la notion d’humanité est des plus intéressantes : qui de Cosmo, le compagnon hybride très attachant de Lane, ou de Cindy, la reine folle d’un univers dément, est le plus humain ? Les préjugés des uns et des autres, dont ceux de Rafe en tête, vont peu à peu s’effondrer. Lane découvrira qu’il existe bel et bien une vie possible à l’est et que la maladie ne doit pas entraîner systématiquement méfiance et ostracisme. Un bel enseignement à méditer…
Le récit est mené à un train d’enfer : il est difficile de reposer Inhuman une fois qu’on l’a commencé. Servi par un style dynamique, bourré d’humour (les dialogues entre Lane, Rafe et Everson sont particulièrement savoureux) et ne dédaignant pas quelques scènes tragiques, Inhuman a tout du coup de cœur.
Inhuman, Kat Falls. Milan, 2015. Traduit de l’anglais par Christine Bouard-Schwartz.
Par Emily Vaquié
Je l’ai dans ma PAL et avec ton avis, j’ai encore plus envie de l’en sortir ! Je l’ajoute à mes lectures prioritaires (qui ne cessent d’augmenter ^^)