Celui qui sait, Alexandra Marinina

Nombreux sont les livres qui traitent des Etats-Unis de la période de la guerre froide. L’on compte nettement moins de romans évoquant la vie au quotidien de leurs rivaux, les soviétiques. Celui qui sait a justement l’atout de dévoiler au lecteur occidental les dessous de la vie à la russe de 1965 aux années 2000.

Longue saga de huit cents pages, Celui qui sait nous fait pénétrer dans l’intimité de plusieurs personnages issus des différentes couches de la société russe. Avec Natalia, dite Natacha, l’on découvre ce que c’est que d’être enfant dans le Moscou des années 60, quand l’on n’est pas issu d’une famille particulièrement aisée. La petite fille vit dans un appartement communautaire, que sa famille partage avec plusieurs autres locataires, parmi lesquels Marik, un adolescent dont elle s’est entichée. Igor, lui, est fils d’un professeur renommé et découvre peu à peu à quel point son enfance est privilégiée. Enfin, Rouslan enquête pour en savoir plus sur le meurtre de son frère…

Grande fresque aux personnages pittoresques, Celui qui sait pourrait presque être l’équivalent soviétique du premier tome des Chroniques de San Francisco : entre Lioussa, la soeur égoïste de Natacha et persuadée d’être un grand auteur, Polina et Nina les ivrognes, et le beau Marik, le quotidien à l’appartement communautaire n’est pas de tout repos pour Natacha, qui découvre très jeune que si l’on veut réussir dans la vie, il faut travailler dur et être proche du parti communiste. D’une petite fille désordonnée passionnée de cinéma, Natacha deviendra progressivement une femme accomplie qui a la chance de pouvoir faire ce qu’elle aime.

L’on découvre la réalité d’une Russie aux magasins constamment vides, aux familles entassés à quatre dans une chambre, à l’antisémitisme affiché, dont le jeune Marik souffrira longtemps. L’auteur nous dévoile un pays où rien ne se fait si l’on a pas les relations, ou si l’on n’appartient pas au parti. L’on est finalement assez surpris de voir que l’on évoque très peu les Etats-Unis et le capitalisme, alors que l’on trouve fréquemment des références aux communistes dans les livres américains traitant de la période. Le dépaysement est donc totalement garanti, d’autant plus que le lecteur doit s’habituer aux noms russes, comprenant un prénom, un nom patronymique, c’est-à-dire composé du nom du père et d’un suffixe, et enfin le nom de famille, et se prêtant à de nombreux diminutifs : ainsi Natalia est appelée Natacha ou Toussia, par exemple, Marik s’appelle en réalité Mark, Sacha Alexandre, Aliocha Alexei et Lioussa Lioudmila…Néanmoins, la traduction simplifie
ces « problèmes » de nom et rend le tout parfaitement compréhensible.

Le roman est divisé en plusieurs parties consacrées à l’univers d’un des trois personnages principaux : Natacha, Igor et Rouslan. Au cours de leur vie, nos trois héros vont être amenés à se croiser, se connaître, pour le plus grand plaisir du lecteur qui découvre ainsi plusieurs points de vue. Si les premières parties sont très longues, elles alternent très rapidement à la fin du roman, accélérant le rythme de l’action. C’est un roman que l’on prend beaucoup de plaisir à lire, bien qu’on puisse le trouver parfois un peu long. C’est, je crois, une bonne introduction à la littérature russe moderne, et le dépaysement est incontournable !

11 Commentaires

  1. Ohh il faut que je lise ce roman à tout prix ! C’est marrant car je rêve toujours comme Natacha du roman à devenir un écrivain à succès (alors que pour le moment je n’écris que pour moi lol).

    En plus si ca ressemble aux chroniques de San Francisco : ca me va complétement 😉

  2. Bonjour,

    Je viens de découvrir ton blog par le biais de celui de Sophie et j,aime bien ton choix de livres.

    Je m’inscris donc et de temps en temps, tu verras apparaître mes commentaires.

    Au plaisir de te lire !

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