Ce que j’ai vu et pourquoi j’ai menti : un titre bien énigmatique ! Pole Fiction met cette fois dans les mains des adolescentes un roman historique, dans un cadre mystérieux. Sous le soleil de Floride, Evie fera l’apprentissage douloureux de l’âge adulte.
Nous sommes en 1947 et la seconde guerre mondiale vient de se terminer. Pour Evie, quinze ans, une page s’est tournée avec le retour de son beau-père du front, qui les a sorties sa mère et elle de l’indigence en ouvrant des commerces à New York. Lorsqu’il propose de les emmener en Floride pour les vacances, Evie est folle de joie. Mais l’hôtel est désert, et une ambiance étrange règne sur les lieux. Quel pourrait être le point commun entre un jeune homme sorti de nulle part, une femme bien trop belle et un ancien soldat ?
Roman trouble, tout en nuance, Ce que j’ai vu et pourquoi j’ai menti joue avec les interrogations du lecteur : qu’a donc vu la jeune héroïne et pourquoi, effectivement, a-t-elle menti ? L’intrigue se dessine progressivement, et le suspense est total jusqu’à la fin. Un bon point pour ce roman historique qui met beaucoup l’accent sur la fin récente de la seconde guerre mondiale, et sur les opportunités des années quarante aux Etats-Unis. A la fin de la deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis sortent du conflit surpuissants. Loin des troubles économiques de la Grande Dépression et du contexte de la deuxième guerre mondiale, les américains peuvent désormais se tourner pleinement vers le futur. Futur représenté par Evie, la jeune génération.
Evie est une jeune fille un peu naïve, qui rêve de s’émanciper : comme toutes les adolescentes, elle n’a qu’une envie, être adulte. Au fil du récit, elle apprendra cependant toute la noirceur de l’âme humaine, la tromperie, la cruauté, mais également le désir, l’amour. Elle sera brutalement amenée à grandir, au contact de Peter, jeune soldat séduisant et mystérieux.
Ce qui frappe dans ce récit, c’est la relation entre Evie et sa mère, Beverly : celle-ci a eu sa fille à l’âge de dix-sept ans. Elles ont donc peu de différence d’âge, ce qui les rend à la fois proches et rivales. Beverly est un personnage complexe, qui met le lecteur assez mal à l’aise. Peu fiable, elle s’éloigne peu à peu du rôle maternel qu’Evie lui a toujours vu tenir. Elle semble être vaguement condescendante, mais en même temps, l’on croirait qu’elle craint la jeunesse et la fraîcheur de sa fille. Face à sa mère, Evie devient une femme, et montre qu’elle est davantage capable de maturité.
Malgré des atouts indéniables, et une fin très réussie, Ce que j’ai vu et pourquoi j’ai menti n’est certes pas un chef-d’œuvre. Pourtant, il possède de nombreuses qualités, parmi lesquelles un style fluide et une intrigue bien menée, qui en fait une lecture très agréable. Je remercie Charlotte de chez Gallimard de m’avoir fait découvrir ce roman.
Un livre qui me fais de l’oeil pour moment…merci pour cette belle critique. Bonne journée.