[Rentrée littéraire] Freedom, Jonathan Franzen

L’évènement de la rentrée littéraire américaine est sans conteste le nouveau roman de Jonathan Franzen, Freedom, qui s’est imposé aux Etats-Unis. Fresque familiale aux allures de Desperate Housewives, Freedom est un très gros roman, très américain, qui outre-atlantique, est partout, du plateau d’Oprah à la couverture du Times. Le roman est-il à la hauteur de sa réputation?

Dans un quartier digne de Wisteria Lane vivent les Berglund, une famille de la classe moyenne d’apparence ordinaire : Walter et Patty, les parents, Jessica et Joey, les enfants. Mais rien n’est vraiment ce qu’il parait, et la famille Berglund est réalité au bord de l’implosion. Tandis que Walter adule son épouse, celle-ci se demande si elle n’est pas passé à côté de sa vie en choisissant Walter, le choix de la raison, à son meilleur ami Richard le rockeur…

Au centre du roman, l’on a donc cette idylle avortée qui, plus de vingt ans après, continue de hanter Patty. Ancienne sportive, elle s’est enfermée dans un rôle qui l’étouffe, à mille lieux de ce qu’on l’imaginait devenir, celui de la mère au foyer modèle et énergique qu’elle s’efforce d’être en réponse à la rancœur que lui inspire ses parents. Elle se pose la question des choix, et des possibilités. Chaque personnage se trouve à un moment ou à un autre à la croisée des chemins : mais est-on est vraiment libre de faire ce que l’on veut?

Jonathan Franzen nous plonge dans l’Amérique post-11 septembre et étudie à la loupe les dilemmes des uns et des autres dans une Amérique offensive, mais touchée dans sa puissance. A l’échelle de la famille Berglund, c’est également la guerre. Entre Joey, le fils prodige, le chouchou de sa maman, et Walter, le père, le divorce est consommé. Patty et Walter s’éloignent l’un de l’autre, entre quiproquos, non-dits et souvenirs. La crise de la quarantaine des parents remet en cause le bonheur familial, tandis que les actions de Joey, l’adolescent rebelle et indépendant, assène un coup de massue à sa mère. Seule Jessica, la fille, s’impose en modèle de calme et de stabilité, un vrai parangon de vertu.

Le grand talent de Franzen, c’est sa minutie et son efficacité dans la conception des personnages : les premières pages sont notamment très réussies. En quelques coups de crayon, c’est tout un quartier qui s’ébauche. Mais le roman souffre de ses sept cent dix-huit pages : de nombreuses lourdeurs plombent le récit. Le lecteur démarre sur chapeaux de roue, mais stagne une fois que sont passées les quelques cents premières pages. Cependant, impossible d’ôter à Franzen son sens de la répartie et du détail. Freedom est un de ces très bons romans qui pâtissent du portrait élogieux qu’en font les médias. L’on s’attend au chef d’oeuvre du siècle, quand l’on a juste un bon livre. Ce qui, par ailleurs, est déjà pas mal !

Freedom a été lu dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire PriceMinister.


les matchs de la rentrée littéraire

6 Commentaires

  1. Et bien moi j’ai abandonné ! trop lent,, soporifique et l’impression que tout aurait pu être dit en 300 pages ! Au lieu de ça, il en fait des tonnes qui ont eu pour effet de dissoudre la consistance des personnages et de m’en lasser. Bref, lecture à savourer peut-être quand on a du temps devant soi mais pas en 15 jours ! Montre en main…

  2. Personnellement je n’avais pas entendu parler de ce roman avant de l’ouvrir, je n’ai donc pas pu être déçue mais au contraire, agréablement surprise ! Je n’y ai pas vu de longueurs, je suis restée envoûtée d’une couverture à l’autre. Mais en-dehors de ça je souscris entièrement à ton avis, tu as su mettre le doigt sur les aspects que j’ai particulièrement appréciés.

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