Fuck you New York, Kamel Hajaji

Honte à moi, je ne connaissais pas la collection Exprim’ de chez Sarbacane : c’est au salon de Montreuil que j’ai pu découvrir quelques ouvrages de cette collection. Parmi eux, Fuck you New York, un livre au titre violent et au sujet sensible, que l’on m’a vivement conseillé.

C’est dans une Amérique post-11 septembre que Malek, vingt et un ans, décide de partir étudier à New York avec son meilleur ami Ben. Cultivé et un brin rebelle, Malek est passionné de cinéma américain et de rap : il n’a qu’une envie, aller là où les choses bougent, là où on voit les choses en grand. Vivre the american dream. Son rêve se brise, cependant, à la douane. Là, Malek découvre qu’il n’est pas le bienvenu dans la Grosse Pomme : deux ans après le onze septembre, son nom à consonance maghrébine lui vaut d’être mis à l’écart, méprisé, insulté, humilié. Une épreuve dont il ne sortira pas indemne. Car c’est de sa chambre dans un « hôpital de repos » que Malek nous écrit…

Fuck You New York n’est pas un livre à mettre entre toutes les mains, du fait de sa violence extrême : violence physique, et violence verbale, jusque dans le vocabulaire utilisé par le jeune homme, rongé par la haine. Tout au long du livre, il file une métaphore sexuelle, et vit une relation ambiguë avec New York, qu’il désire et qui le répugne à la fois : il venait prendre New York, mais New York l’a finalement « entubé ». Une relation de possession se noue au fil du livre : malheureusement pour lui, Malek aura perdu. Venu conquérir l’Amérique, il sera finalement vaincu.

Le récit de Malek alterne entre le moment présent, où il est interné dans un hôpital de repos, et ce qui l’y a amené, à savoir cette arrivée désastreuse à New York : Malek s’est vu priver de l’identité qu’il s’était forgée au fil des années, pour se voir devenir tout bonnement un étranger, l’ennemi. Assimilé aux terroristes du 11 septembre, il se sent observé, traqué : la paranoïa s’installe. C’est une longue descente aux enfers. Car à un style très oral, le malaise s’installe : Malek s’adresse directement au lecteur, et l’on ressent pleinement son mal-être. Ce livre se lit d’une traite : l’on a envie de savoir ce qui a amené Malek à dépérir. Il choque, aussi, en nous dévoilant une facette méconnue de New York.

A noter que cette collection propose une « playlist » en début d’ouvrage, une idée très sympathique !

3 Commentaires

  1. J’ai ce roman depuis un bon moment avec l’envie de m’y plonger… Ton avis me pousse à le commencer incessamment sous peu!
    et je ne peux que t’exhorter à découvrir les autres titres de chez Exprim’ dont je parle régulièrement sur mon blog!

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  1. Challenge New York 2012, top départ « Enlivrons-nous

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