Entremonde, Neil Gaiman et Michael Reaves

Entremonde est un de ces livres qui vous font de l’œil sur les salons, grâce à une couverture efficace et au nom (Neil Gaiman) inscrit sur la couverture. Ce roman, écrit à quatre mains, reposaient dans un tiroir depuis quelques temps lorsque ses auteurs, Neil Gaiman et Michael Reaves, ont finalement décidé de l’offrir au public. Comme dans Neverwhere, le personnage principal bascule dans un monde parallèle des plus étranges. La ressemblance s’arrête là.

Joey est un adolescent tout ce qu’il y a de plus normal, si ce n’est sa propension à se perdre. Il vit avec ses parents, sa soeur Jenny et son petit frère encore bébé, qu’il surnomme le Calmar. Comme tous les adolescents, il est secrètement amoureux d’une des filles de sa classe. C’est ce qui va le perdre, au cours d’un étrange contrôle de géographie organisé par un prof loufoque. Pour impressionner la fille de ses rêves, Joey va tâcher de retrouver son chemin…Maladroit comme il est, il ne pouvait que passer dans un monde parallèle…

Tout comme Neverwhere, Entremonde a d’abord été écrit pour la télévision. Et effectivement, il suit les codes habituels de la série de science-fiction. Malheureusement, c’est loin d’être le meilleur roman de Neil Gaiman, qui nous avait habitué à bien mieux avec American Gods ou Neverwhere.

D’adolescent commun et plutôt maladroit, Joey se mue progressivement en héros. Entremonde a tout du récit d’apprentissage. Joey doit apprendre le courage et à agir au mieux, afin, éventuellement, de sauver le monde. Ce sont, au début du roman, des considérations bien éloignées de son quotidien. Joey n’est alors qu’un petit jeune comme les autres, qui veut avoir de bonnes notes, échapper à la brute du lycée et avoir un mot gentil de la part de la fille qui lui plait. En se découvrant « marcheur », Joey va vivre des expériences qui vont bouleverser sa vie et sa manière d’être.

L’écriture est fluide et l’humour présent, mais l’émotion n’est pas vraiment au rendez-vous. Entremonde est un récit divertissant, qui ne laisse aucun répit au lecteur : à l’instar de Joey qui saute de monde en monde, le lecteur bondit de pages en pages, curieux de connaître la suite et de savoir ce qu’il va advenir aux étranges personnages qui peuplent ces pages. Mais aucun d’entre eux n’est aussi forts et aussi complexes que le sont les protagonistes de Neverwhere. Peut-être le lecteur est-il devenu trop exigeant, quand il sait de quoi Neil Gaiman est capable d’ordinaire.

Joey est pourtant attachant, à sa manière. Il est tel que l’on se rêvait adolescent : capable de soulever des montagnes, dès qu’on le décide. Mûr pour son âge, le jeune garçon a un cœur d’or, un sens de l’honneur prononcé, et du courage à revendre. Un vrai héros, en somme. Nous ne faisons qu’entrapercevoir le monde dans lequel pénètre Joey, dans lequel une bataille fait rage entre magie et technologie. Ce monde aurait gagné à être développé, car il apparait plein de potentiel.

Entremonde, Neil Gaiman et Michael Reaves. Au Diable Vauvert, 2010.

5 Commentaires

  1. Je n’ai pas encore lu celui-là, mais l’aspect de l’univers à peine touché est une critique qu’on peut faire à la plupart des livres de Gaiman. C’est vrai que c’est toujours un peu frustrant, mais on peut apprécier la volonté de créer une histoire sur un folklore inventé et à peine effleuré, et juste la suggestion d’un univers et des histoires plus grandes, que le lecteur (jeune) peut créer de lui-même. Je pense que c’est écrit dans cette vision.

  2. Jamais entendu parler de ce roman. Ceci dit j’ai lu « Nobody Owens » de cet auteur et j’avais bien aimé et je compte bien découvrir un jour Neverwhere. Bonne journée !

  3. Tout à fait d’accord: j’ai été frustrée par cet univers juste esquissé mais plein de potentiel. Pour une fois, j’aurais bien réclamé quelque chose de plus long!

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