Aujourd’hui paraît en librairie le premier tome d’une nouvelle série jeunesse, consacrée à un personnage bien connu de l’histoire de la littérature. De nombreux auteurs, scénaristes, ou cinéastes, se sont attaqués au personnage mythique de Merlin, lui donnant de multiples images, parfois bien différentes. C’est au tour de Thomas Archibald Barron de s’intéresser à l’emblématique personnage de la mythologie celtique, avec une saga sobrement intitulé Merlin, prévue en 12 tomes, et éditée en français par Nathan Jeunesse.
Si T. A. Barron semble surfer sur une vague déjà bien exploitée, il s’attaque à la face cachée du mythe ; au lieu de nous parler de l’âge de gloire de l’Enchanteur, il commence par en retracer les jeunes années.
Le premier tome, Les Années oubliées, s’ouvre sur la seconde naissance de Merlin – alors appelé Emrys – lorsqu’il reprend conscience sur une plage battue par les flots, aux côtés d’une femme inconnue. C’est la première caractéristique du personnage : ce jeune enfant est amnésique. Pire, il est persuadé que cette femme qui se fait passer pour sa mère n’est autre qu’une inconnue. On comprend tout à fait son désir de remonter, alors, à ses origines, ce qu’il entreprend dès ses douze ans, et seul.
Au cours d’un voyage tout à fait initiatique, Emrys découvre une terre qui ne lui est pas tout à fait étrangère : l’île bénie de Fincayra qui, par bien des aspects, n’est pas sans rappeler l’île de Tír na nOg. Les découvertes sont nombreuses, et le chemin non dénué d’embûches. Ce voyage est le prétexte à l’exploration des hauts-lieux de la mythologie celtique, et le moment de découvrir l’univers particulier de T. A. Barron. Car celui-ci, s’appuyant sur les multiples textes, propose un univers particulier, fouillé, pensé dans ses moindres détails. Loin de coller au mot près à la légende, il la réinterprète, joue avec ses codes et ses passages obligatoires, et s’en affranchit, tout en proposant des scènes et passages reconnaissables. Ainsi, le jeune Merlin souffre d’une particularité physique qui le distingue de ses pairs : il n’est pas velu, loin de là, mais est parfaitement reconnaissable. Du point de vue de la réinterprétation, le récit est parfaitement maîtrisé ; on sent que l’auteur s’est lancé dans un projet ambitieux, en s’en donnait les moyens. Ce premier tome promet une saga réfléchie, dont les détails ont été minutieusement pensés.
Et c’est là, finalement, que le bât blesse : le roman souffre d’un trop-plein de détails qui, peu à peu, étouffent l’intrigue, et la noient sous une masse d’informations superflues. Oh, l’ensemble est parfaitement clair, très visuel – quasiment cinématographique – à la limite du didactique. A tel point que c’en est un peu trop, et qu’on peine parfois à se passionner pour les pérégrinations d’Emrys, tant le récit est lent, contemplatif, et peu dynamique.
A la quête des origines, l’auteur greffe une quête existentielle : un tyran a établi sa loi sur certaines terres, et menace d’éradiquer toute forme de vie ne lui jurant pas allégeance. Aidé de trésors mythiques, les Outils magiques (qui rappellent les quatre artefacts magiques des Tuatha de Danann), il asservit les diverses populations, mais Emrys, du haut de ses douze ans, va se dresser sur son chemin.
En raison de la quête à accomplir, on ne peut éviter les passages héroïques, à l’avantage du jeune protagoniste : ils se marient plutôt bien à l’ensemble, et l’auteur évite de peu de sombrer dans le manichéisme le plus profond.
En somme, avec Les Années Oubliées, T. A. Barron propose un premier roman certes pas dénué de défauts, mais assez agréable à lire, revisitant le mythe de Merlin, l’Enchanteur, de manière aussi originale qu’intéressante. Les longueurs sont certainement dues à une volonté de mettre, dès le premier tome, des éléments cruciaux en place ; prenons le pari que la suite sera dépourvue de ces trop nombreux détails, et n’en sera que plus dynamique !
Merlin t.1, Les Années oubliées, T. A. Barron. Nathan Jeunesse, Janvier 2013.
Par Oihana
J’ai bien envie de le lire celui ci ^^ !
Merci de m’avoir prévenu que la suite de le calice du vent sortait en avril, je ne trouvais pas la date de sortie .
Bonne journée :).
Je t’en prie ! La maison d’édition mettra très bientôt en ligne les programmes de mars et d’avril 🙂
Plutôt intrigant 🙂 J’irais feuilleté ce livre avec plaisir.
Merci pour cet article.
Bonne année 2015