Il en va des séries comme de la mode vestimentaire : les nouveautés ne doivent pas dissuader les retours en arrière, surtout s’ils sont de bon goût. L’objet en question se nomme Shameless (Sans vergogne), est né en 2004, comporte onze saisons et porte admirablement son nom.
Dans une banlieue anglaise digne d’un Ken Loach déprimé vit une famille type : Franck Gallagher et ses enfants. Le premier est une éponge à bière, le plus souvent empêtré dans son vomi, parfois habité de fulgurances poético-philosophiques. Les seconds forment une fratrie déjantée qui pratique l’approximation légale avec sagesse. Comme dans le théâtre classique, unité de lieu pour Shameless : tout se passe dans le quartier entre le pub, foyer de cœur de Franck, la maison des voisins, celle des enfants, la supérette, la rue. Entre vol organisé et petites magouilles, la vie devient vivable grâce à cette vergogne oubliée. Les blondes sont peroxydées, les brunes acceptent une petite culbute pour tromper l’ennui, les enfants placés mordent dans des space cakes par erreur, les corbillards prennent feu. Le sexe est sans tabou, l’alcoolisme est naturel, le mauvais goût devient une esthétique, et tout cela avec drôlerie et tendresse. Dans Shameless on frôle souvent le pire pour retomber pile dans ses Doc’s.
Le père de cette série s’appelle Paul Abbot. Scénariste et producteur, il a collaboré à de nombreuses sagas anglaises dont Coronation Street et Cracker. Shameless s’inspire en partie de son enfance, le tragique en moins, et lui a valu de nombreuses récompenses. Le dernier projet de Paul Abbot, Hit and miss, raconte les aventures d’une tueuse à gages transsexuelle, mère de cinq enfants. Abbott l’avoue, « les familles un peu spéciales [l]e passionnent. », dévoilant au passage un goût pour l’euphémisme très britannique.
Shameless a une version américaine diffusée par l’excellente chaîne Showtime, mais rien ne vaut cette délicieuse diction anglaise ralentie par la bière et l’exctasy. A consommer sans aucune modération.
J’aime tellement la version américaine que je ne regarderai jamais celle là ^^
On a des partisans de la version UK comme de la version US au sein du webzine. 🙂
Aaaah, j’aime la phrase d’intro’ de cet article. Quand il y a onze saisons à rattraper, je dirais même que c’est d’autant plus agréable 🙂
j’adore la version Uk pas trop envie d’essayer la version us du coup … peur d’être déçue je pense