Un Van Gogh au poulailler : la vie secrète et méconnue des chefs d’œuvre

Le fait divers est bien connu. En 1911, un ouvrier d’origine italienne s’introduit au Louvre et décroche la Joconde pour partir tranquillement avec le tableau sous le bras. Il était persuadé que la France avait volé le chef-d’œuvre de Léonard de Vinci à l’Italie lors des campagnes napoléoniennes. Il fallut plusieurs années avant que la police italienne ne retrouve le coupable et remette Mona Lisa aux Français, en faisant définitivement le portrait le plus célèbre au monde.

C’est l’une des nombreuses histoires d’œuvres d’art racontées dans ce livre. L’idée est simple. Plutôt que de nous proposer une analyse des peintures et sculptures choisies, il s’agit ici de s’intéresser à l’histoire des objets en eux-mêmes, de leur parcours souvent incroyable. On comprendra mieux pourquoi la restauration de certaines œuvres centenaires ou même millénaires se fait parfois pressante.

Car une œuvre est avant tout un bloc de pierre taillé ou des pigments étalés sur une toile. Elle a une existence physique avant que symbolique et n’est pas toujours traitée avec le respect que l’on croit lui être naturellement dévolu. C’est le cas de cette statue de Louis XIV par l’immense artiste italien Le Bernin. Ayant déplu au Roi Soleil vieillissant, elle fut reléguée jusqu’à très récemment au fond du parc du château de Versailles. Idem pour cette toile de Van Gogh servant de panneau pour fermer un poulailler lorsque le peintre néerlandais passait encore pour un innocent malade mental. Chose impensable aujourd’hui et qui fait sourire autant qu’elle horrifie tant le risque que la toile disparaisse à jamais était grand.

Les œuvres d’art connaissent donc souvent des aventures mouvementées, loin d’un repos paisible derrière la vitre blindée d’un musée. Les guerres, la ruine ou la cupidité des hommes peuvent leur faire connaître des départs secrets en calèche, des années de cache dans un grenier ou une cave humide, etc. Ou bien les malmener, les scier en deux, les spolier à leur légitime propriétaire, et autres joyeusetés.

Le parti pris de ce livre est original. Volontairement vulgarisateur, on lui reprochera peut-être son ton parfois sensationnaliste et psychologisant mais que compense l’impression d’avoir beaucoup appris sur quelques œuvres célèbres. Si elle ne les développe pas, l’auteure aborde également quelques notions du droit appliqué aux œuvres d’art, inépuisable source d’anecdotes. Une lecture que ceux qui désirent briller dans les dîners ou les épreuves de culture générale apprécieront tout particulièrement.

Un Van Gogh au poulailler, Maureen Marozeau. Philippe Rey, 2014.

Par Antoine-Gaël Marquet

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